Acteur spatial (géo et géopol)
Un acteur spatial constitue une
organisation (Etat ou firme) ou une population (individu ou société) qui
transforme un espace en territoire. Le plus souvent, les acteurs spatiaux
interagissent entre eux. Par exemple, la périrubanisation est accélérée par la
vente de terres des agriculteurs, achetées par des promoteurs immobiliers dans
un cadre législatif (Etat).
Vision synthétique des acteurs
spatiaux selon les différents niveaux d’échelle
ECHELLES
|
ACTEURS
|
MONDIALE
|
•
O.I.(ex ONU)
•
O.N.G. (ex MSF)
•
Entreprise globale (ex Nike)
•
Etats puissants (197 reconnus par ONU)
•
Diaspora (ex chinoise)
•
C40 (groupe de 40 villes de l’archipel
mégalopolitain mondial , Présidente Anne Hidalgo)
|
CONTINENTALE
|
·
Unions commerciales (ex Union européenne)
·
Unions politiques (ex ligue arabe)
·
Lobbys de firmes ou d’organisations (Washongton et Bruxelles)
·
Associations politiques ou religieuses (ex Ligue islamique)
|
NATIONALE
|
•
Les Etats (fonctions régaliennes)
•
Rôle des FMN (près
de 100 000)
|
REGIONALE
|
•
Régions (tailles diverses)
•
Métropoles (métropole lyonnaise remplace le
département du Rhöne))
|
LOCALE
|
·
Individu (réseaux sociaux)
•
Firme historique (ex : FIAT à Turin)
|
Acteur transnational
(éco pol géopol)
Tout
acteur qui agit dans l’espace mondial en dépassant le cadre étatique national
et qui échappe, au moins partiellement, au contrôle des Etats. Ces acteurs se
forment souvent en réseaux.
Alliance (géopol)
Engagement
entre deux Etats ou plus, une alliance vise à assurer la coopération au niveau
militaire. Il s’agit de créer une menace dissuasive face à un Etat tiers,
d’accroître la puissance de ses membres dans la perspective d’un conflit. On
observe deux types d’alliances : permanentes comme l’OTAN ou temporaires
comme lors de la première guerre du Golfe. Pour les firmes globales, les
alliances stratégiques sont des accords techniques (commerciaux, de production)
qui visent à optimiser les coûts.
La première guerre du Golfe, exemple d’alliance
temporaire : nombre de soldats en service actif d’août 1990 à juin 1991
Etats-Unis
697 000 Australie 700
Arabie
Saoudite 100 000 Pays-Bas 600
Royaume-Uni 45 400 Niger 600
Egypte
33 600 Espagne 500
France
14 600 Sénégal 500
Syrie 14 500 Bahrein 400
Maroc 13 000 Belgique 400
Koweit 9 900 Afghanistan 300
Oman 6 300 Argentine 300
Pakistan 4 900 Corée
du Sud 200
Emirats
Arabes Unis 4 300 Grèce 200
Qatar 2 600 Pologne 200
Bangladesh 2 200 Danemark 100
Canada 2 000 Hongrie 50
Norvège 50
Angle mort (géopol)
En
géographie, il s’agit d’un espace périphérique, souvent peu peuplé et répulsif.
La vision géopolitique y apporte l’idée que l’angle mort est peu stratégique,
soit par absence de ressources, soit par la faiblesse des liens avec
l’extérieur. Il peut devenir une périphérie en essor en s’intégrant à des
espaces centraux.
BRICS (géopol)
L’acronyme
BRIC apparait pour la première fois sous la plume de Jim O’Neill en 2001. Alors
chef économiste de la Banque Goldman Sachs, il publie une note intitulée « Building Better Global Economic BRICs »
pour conseiller ses clients-investisseurs. Il y montre combien le Brésil, la
Russie, l’Inde et la Chine sont des pays à forte croissance, dont le poids dans
l’économie mondiale est amené à se renforcer considérablement. Les BRIC se
réunissent en sommet tous les ans depuis 2009. Même si sa position économique
est plus fragile, c’est d’abord en tant que représentant d’un continent trop
longtemps marginalisé dans la mondialisation que l’Afrique du Sud rejoint les
pays du BRIC pour donner BRICS. Les BRICS représentaient 16 % du PIB mondial en
2001, détiennent aujourd’hui 27 % du PIB mondial, un chiffre qui pourrait
atteindre 40 % en 2025 selon la Banque mondiale. Cependant tous les membres des
BRICS ne possèdent pas la même place dans l’économie mondiale. En août 2013,
dans le Wall Street Journal, Jim
O'Neil explique ainsi que le terme qu’il a inventé est désormais beaucoup moins
valable.
Casques bleus
(géopol)
Forces
militaires de maintien de la paix de l’ONU. Leur nombre était de 91 600 en
mai 2018. Les principaux pays fournisseurs de troupes sont : Ethiopie 8
400, Bangladesh 7 100, Rwanda 7 000, Inde 6 700, Pakistan 6 000 et Népal
5 500. L’armement et la formation sont financés par l’ONU.
Choc de civilisations
(pol, cult et géopol)
Thèse
du politologue américain Samuel Huntington établie en1993 (article de la revue Foreign
Affairs), repris dans un ouvrage en 1996, Le choc des civilisations et le nouvel ordre mondial. Divisant le
monde en 9 civilisations majeures, l’auteur s’attarde peu sur les
caractéristiques d’une civilisation (« sang,
langue, religion, manière de vivre ») afin de proposer un outil
d’interprétation des relations internationales. Sa thèse est que l’Occident a
atteint son âge d’or par rapport aux deux civilisations montantes (Islam et
Chine), ce qui va provoquer un regain de tensions entre Etats. L’ « axe islamo-confucéen » faisant face
au déclin occidental, Huntington appelle à la mobilisation en soulignant
l’influence néfaste du multiculturalisme, responsable de l’affaiblissement des
Etats-Unis. Ainsi, selon lui, les principaux conflits post-guerre froide
expriment un antagonisme civilisationnel. Pour autant, il n’est pas le prophète
d’une quelconque guerre de civilisations ; il sera contre l’invasion de
l’Irak en 2003, préconisant plutôt une règle de l’abstention. Au contraire, il
pense que l’Occident doit admettre son déclin et cesser cette prétention à
l’universalisme.
Communauté
internationale/gouvernance mondiale (géopol)
Cette
expression, couramment utilisée par les médias et parfois aussi par les acteurs
politiques eux-mêmes est ambigüe et soulève de nombreuses interrogations.
Utilisée pour désigner un ensemble vague d’acteurs politiques (Etats,
organisations internationale, individus) unis pour la défense de la paix, elle
véhicule l’idée d’une humanité unie par une solidarité, par des valeurs
partagées, par des objectifs communs ou encore par une même allégeance à des
institutions politiques centrales comme l’O.N.U., née en 1945. Si l’idée de
communauté internationale naît donc des atrocités de la S.G.M., elle est issue
d’un courant intellectuel plus ancien. Ainsi, le Français Léon Bourgeois propose
dans son ouvrage publié en 1909, « La Société des Nations », la
création d’une instance internationale. Cette idée est reprise par le Président
américain Wilson dans ses « 14 points » en janvier 1918. Aujourd’hui,
de nombreux spécialistes considèrent encore que le concept de communauté
internationale reste un vœu pieux : « Il n’y a pas de gouvernance
mondiale grâce à laquelle l’intérêt collectif serait arbitré par des décisions
non contestées ; on en reste à la somme des intérêts individuels et contradictoires
des Etats » (Pascal Boniface, 50 idées reçues sur l’Etat du monde »,
2015). Ainsi l’idée de communauté internationale implique celle de gouvernance
internationale ou mondiale. Utilisée depuis les années 1990, celle-ci désigne
une forme de régulation collective fondée sur les relations entre acteurs
publics et privés. Mais, comme la communauté internationale, il s’agit plus
d’un objectif à atteindre que d’une réalité. Le géopoliticien français Serge
Sur, parle de « fantôme de la gouvernance » (Un monde en miettes,
2010).
Complexe
militaro-industriel/lobby militaro-industriel (éco).
Ensemble des industries à usage militaire ainsi que les
activités annexes comme la recherche. Tous les grands Etats possèdent un
complexe militaro-industriel qui joue un rôle économique important, d’où la des
liens importants avec les dirigeants politiques. Exemple : soutien de
l’Etat français à Serge Dassault. Lorsqu’il quitte le pouvoir en 1961, le
Président Einsenhower évoque une « influence non justifiée du complexe
militaro-industriel » (qu’il connait de l’intérieur) ainsi
qu’ « accroissement funeste des abus de pouvoir », considérant
ainsi que ce lobby porte ombrage à la démocratie.
Conflits/guerres
(géopol)
Un conflit est une contestation qui oppose deux ou plusieurs
Etats ou d’autres types d’acteurs. On peut observer toute une graduation :
d’abord, une situation de relations d’amitiés, puis de différends (territorial,
économique ou politique) ; cela peut provoquer des tensions jusqu’à une
rupture diplomatique, puis finalement une guerre. Celle-ci est ainsi
l’aboutissement de cette rivalité. On différencie de plusieurs manières les
conflits : d’abord selon l’échelle, soit infra-étatique soit inter-étatique ; dans ce cas, le
conflit est international, voire mondial. On peut également différencier la
gravité du conflit avec, d’une part, les conflits de basse intensité qui
restent confinés à un territoire et, d’autre part, les conflits de haute
intensité, plus meurtriers et plus dangereux en termes de stabilité
internationale. On peut aussi différencier la nature du conflit :
idéologique, civile, humanitaire,
technologique… Le XXème siècle est marqué par l’intensité des conflits.
L’Allemand Erich Ludendorff dans un ouvrage de 1935 parle de « guerre
totale ». Ce siècle voit aussi l’essor de guerres asymétriques (que le
géopolitologue français Gérard Challiand préfère nommer « guerres irrégulières » (Nouvelles guerres. Etats du monde 2015, septembre
2014) qui opposent deux acteurs inégaux en termes de moyens financiers et
technologiques. Le politologue Bertrand Badie, au sujet du rôle croissant des
populations dans les conflits, parle de « sociétés guerrières ». On
assiste en effet, depuis 1945, à un essor des
guerres civiles. Enfin, tout conflit pose la question de sa
justification : qu’est-ce qu’une guerre juste ?
Cyberconflit/cyberattaques(géopol)
Opération
militaire dans laquelle l’informatique a remplacé les armes conventionnelles.
Le terme est dérivé de l’anglo-saxon cyberwar ou cybernetic war. Le phénomène
est médiatisé en 2008 lors de la crise géorgienne où l’armée russe a bloqué les
communications géorgiennes, mais depuis 2002 les Etats-Unis avaient été la
cible d’attaques de grande ampleur baptisées Titan Rain d’origine chinoise.
Exemples de cyberattaques
année
|
Type de cible
|
Nom de la cible
|
2008
|
Etat
|
Géorgie
|
2010
|
Organisation militaire
|
OTAN
|
2011
|
Firme du secteur militaire
|
Lockeed Martin
|
2011
|
Organisation régionale
|
Union européenne
|
2012
|
Organisation internationale
|
FMI
|
2014
|
Firme
|
Sony
|
2015
|
Média
|
Arte
|
Source : Franck Tétart, Grand
Atlas 2017, 2016.
Désordre mondial/chaos (géopol)
Par
opposition à l’ordre mondial, le désordre mondial est une situation
internationale d’incertitudes, marquée par l’absence ou la faiblesse d’un
leadership. L’entre-deux-guerres est une phase de désordre, certainement comme
aujourd’hui. Le désordre ne correspond pas tout à fait au chaos qui, au sens
strict est le premier état de l’univers (grec khaos) ; ainsi la chaos est
un désordre grave. Une guerre civile comme la Syrie peut être qualifiée de
chaos de par l’absence, parfois apparente, d’autorité. La répétition médiatique
des chaînes d’informations en continu et le terrorisme participent au sentiment
chaotique que peuvent éprouver les populations.
Voir aussi ordre mondial.
Droit international
humanitaire (géopol)
Branche
ancienne du droit internationl, le droit international humanitaire vise à
atténuer les souffrances des victimes de conflits armés et à protéger les
populations civiles. Il complète les droits humains qui s’appliquent en temps
de paix et s’impose aux Etats signataires des obligations en temps de guerre.
Parfois nommé « droits de la guerre », le DIH distingue soldats et
civils. Principalement codifié par le
Comité international de la Croix-Rouge, il comporte en 1949 plusieurs
principes clés comme la neutralité, l’interdiction d’armes jugées
préjudiciables (comme les gaz) et l’immunité aux combattants.
Droits de l’homme/droits humains
(pol et géopol)
Valeurs
nées en Europe à partir de la Renaissance (humanisme), puis développées au
siècle des Lumières, les droits de l’homme sont liés à l’essor du libéralisme
politique donnant à l’individu des devoirs mais aussi des droits qui doivent
être respectés par l’etat. Après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale,
ils sont adoptés par les Etats fondateurs de l’ONU ; ils deviennent alors
un ensemble de régulations internationales visant à protéger les droits de la
personne humaine. Les tribunaux de Nuremberg et de Toky ainsi que la
Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 forment donc un tournant
international.
Voir droit international humanitaire.
Echelle/diatope (géo)
Terme
employé pour parler de la taille d’un phénomène ou bien d’un niveau auquel on
l’analyse. On distingue de nombreuses échelles : locale, régionale (à
l’intérieur d’un Etats), nationale, régionale (à l’intérieur d’un continent,
continentale et mondiale. En géopolitique, Yves Lacoste considère que l’analyse
géopolitique nécessite la juxtaposition de plusieurs échelles, de la grande échelle à des cartes à échelle de plus en plus
petite. Il nomme « diatope », la justaposition de ces échelles.
Exemple : on ne peur comprendr le problème isaraélo-palestinien sans
connaître l’échelle locale (question de l’eau, frontières), l’échelle régionale
(soutiens historiques aux Palestiniens comme l’Egypte) et l’échelle mondiale
(soutien américain à Israël, attentats palestiniens hors- Moyen-Orient).
Echelles et acteurs spatiaux
ECHELLES
|
ACTEURS
|
MONDIALE
|
•
O.I.(ex ONU)
•
O.N.G. (ex MSF)
•
FTN (ex Wal-Mart)
•
Etats puissants (197 reconnus par
ONU)
•
Diaspora (ex chinoise)
|
CONTINENTALE
|
- Unions com (ex
UE ALENA)
- Unions
pol (ex ligue arabe)
|
NATIONALE
|
•
Les Etats (fonction régalienne)
•
Rôle des FMN (80 000) comme employeur
|
REGIONALE
|
•
Régions (tailles diverses)
•
Métropoles (zone d’influence)
•
Citoyens/actifs (alter-mondialisme)
|
LOCALE
|
•
Ville
•
Individu (réseaux sociaux)
•
Actif/PDG
|
Émergence (éco et géopol)
Voir
pays émergents
Au
sens commun du terme, l’émergence désigne le fait de sortir de l’ombre pour
apparaître en pleine lumière. C’est la sortie du sous-développement, c’est
l’accession au développement. Depuis la fin des années 1990, les analystes
financiers utilisent cette notion pour désigner les pays à fort potentiel de
croissance où il est bon d’investir. L’émergence est une notion nouvelle
appliquée à une réalité ancienne. Mais l’émergence n’est pas seulement
économique, elle est aussi sociale, politique et géopolitique : elle se traduit
par une plus grande influence dans les relations internationales. L’émergence
se caractérise par sa pluralité de domaines de développement, la diversité de ses
degrés d’émergence et ses différentes stratégies.
Etat (pol)
L’Etat
est un système politique institutionnalisé (dépersonnalisation des
institutions) et territorialisé (un territoire dont les frontières marquent les
limites de sa compétence) qui prétend à la souveraineté et se doit d’assurer la
sécurité à sa population. En droit international public, l’Etat se définit par
une population qui vit dans des frontières sous l’autorité d’un pouvoir
politique. Trois formes d’Etat existent : l’empire à caractère
universaliste, l’Etat-nation qui relie fortement un peuple uni et l’Etat et la
cité-Etat.
Citation :
« L’Etat
est une entité territoriale, inscrite dans des limites précises
(frontières) ; il a la charge de la population habitant ce
territoire ; sur ce territoire, il est souverain. » (Philippe
Moreau-Defarges, La mondialisation,
2016.
Voir aussi empire et Etat-nation
Etat-nation (pol)
Etat
correspondant à une nation souveraine et homogène. Certaines nations n’ont pas
encore d’Etat comme les Kurdes ou les Palestiniens.
Citations :
« L’Etat
est l’organisme vivant rassemblant un peuple sur un sol, le caractère de cet
Etat se nourrissant de ce peuple et de de sol » Friedrich Ratzel, La géographie politique, 1897.
«
Aujourd’hui, l’État nation est devenu trop petit pour les grands problèmes, et
trop grand pour les petits problèmes », Daniel Bell, Les Contradictions culturelles du capitalisme, 1976.
« Ce n’est pas la mondialisation qui dissout
les nations, mais l’autodissolution des nations qui produit la mondialisation
», Emmanuel Todd, L’Illusion économique,
1998.
Etat effondré, failli
ou manqué (pol)
Etat incapable d’assurer
la sécurité de sa population et le contrôle de son territoire. Le pays se
trouve dans une situation de non-gouvernement génératrice de violence, parfois
amenant à l’éclatement du pays comme en Somalie à partir des années 1990
« Fin de
l’histoire » de Fukuyama (cult)
Formule
empruntée à Hégel et Marx désignant une époque qui n’engendre plus de nouvelles
formes sociales originales. En 1991, au moment de l’effondrement de l’URSS,
l’Américain Francis Fukuyama relance le thème en annonçant la fin des
idéologies et de sguerres, un monde uni par les échanges et l’avènement d’une
ère démocratique. Même si la prophétie n’a guère convaincue, elle annonce bien
une nouvelle mondialisation et l’affirmation de l’hégémonie étatsunienne dans
un monde libéral.
Firme multinationale ou FMN/firme
transnationale ou FTN/ firme globale (éco)
Au
sens strict, une firme multinationale est une entreprise qui possède au moins
une unité de production à l’étranger. C’est donc en réalisant des IDE qu’une
firme se « multinationalise ». Seule la logique de production compte.
Ainsi, une entreprise qui ne vendrait qu’à l’étranger tout en produisant
exclusivement sur son territoire national ne serait pas une FMN. Au départ les
firmes sont domestiques, ce qui signifie que leur activité principale est liée
à leur marché d’origine. Fin XIXème, avec l’internationalisation,
elles deviennent multidomestiques, c’est à dire liées à plusieurs marchés de
consommation. Elles continuent toutefois à produire dans leur pays d’origine.
Une firme multinationale possède une unité de production, au moins, à
l’étranger. C’est en réalisant des investissements directs à l’étranger
(I.D.E.) qu’une firme se « multinationalise ». La logique de production est la
seule qui compte. Une entreprise qui vend exclusivement à l’étranger en ne produisant
que sur son territoire national n’est pas une firme multinationale La dernière
mondialisation a généralisé la sous-traitance (firmes-réseaux) et fait éclore
des firmes intégrées : la chaîne de valeur des activités est dispersée sur
plusieurs pays, mais intégrée par la logique productrice et capitaliste de la
Maison-mère (firme globale).
Frontière (géo, éco et pol)
Au
sens strict, la frontière ets une ligne qui délimite la souveraineté d’un Etat.
Mais la frontière est aussi économique (les économistes parlent de talus
économique), démographique (colons envoyés ou volontaires pour maîtriser un
espace périphérique) ou politique (mur de Trump). Le géographe français y donne
même un sens moral : « la négation de l’autre ». La frontière
correspond surtout à deux éléments différents : la frontière, la bordure
est en effet la limite évoquée plus haut, mais il existe un autre aspect qui
est le front pionnier, qui est une frontière mouvante d’occupation que l’on
repousse au fur et à mesure de l’avancée des colons.
Voir aussi Etat
G7/G8 (géopol)
Sommet
des pays les plus riches de la planète avec Allemagne, Canada, Etats-Unis,
France, Italie, Japon, Royaume-Uni et, depuis 1998, Russie). Lancé en 1975 par
le Président français Valéry Giscard d’Estaing pour permettre des discussions
entre chefs d’Etat au moment du premier choc pétrolier, ces sommets traitent
des problèmes mondiaux.
Voir aussi Davos.
G20 (géopol)
Le
G20 a été créé en décembre 1999 en réponse aux crises financières qui ont
frappé les pays émergents à la fin des années 1990. Il s’agissait à l’origine
de réunir une fois par an les ministres des Finances et gouverneurs de banques
centrales des pays industrialisés et des pays émergents pour faciliter la
concertation internationale en matière économique. Confronté à la plus grave
crise économique et financière depuis la SGM, le G20 s’est transformé fin 2008,
sous l’impulsion de la France, alors présidente en exercice de l’UE, en
instance de pilotage économique, réunissant au plus haut niveau les grands
responsables publics. Lors du sommet fondateur de Washington de novembre 2008,
les chefs d’État et de gouvernement se sont mis d’accord sur un plan d’action
exceptionnel pour éviter l’effondrement du système financier et de l’économie
mondiale. Depuis, le G20 s’est réuni régulièrement. Il représente 85 % de
l’économie mondiale et les deux tiers de la population mondiale. Il est composé
de l’Afrique du Sud, de l’Allemagne, de l’Arabie Saoudite, de l’Argentine, de
l’Australie, du Brésil, du Canada, de la Chine, de la Corée du Sud, des
États-Unis, de la France, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Italie, du Japon, du
Mexique, du RoyaumeUni, de la Russie, de la Turquie et de l’Union européenne.
Voir PIB (avec liste des 40 premiers
Etats).
G 77 (géopol)
Le
groupe des 77 est aux Nations unies une coalition de pays en développement,
conçue pour promouvoir les intérêts économiques collectifs de ses membres et
leur donner une capacité de négociation accrue. Créée par 77 pays,
l’organisation a grandi et compte actuellement 133 pays membres. Néanmoins,
elle continue à être désignée comme le G77 dans les négociations et sessions de
l’ONU.
Géohistoire (géo et
hist)
Etude
géographique des processus historiques. En France, un des principaux
représentants est Christian Grataloup.
Géoéconomie
(géopol)
La
géoéconomie est l’analyse des stratégies économiques mises en place par les
États dans le cadre de la défense ou de l’aide au développement de leurs
entreprises nationales face à la concurrence mondiale exacerbée par la
mondialisation. Concept développé aux Etats-Unis par Edward Luttwak, il est
défendu en France par Pascal Lorot qui fonde la revue « Géoéconomie »
en 1997. On observe deux grands types de stratégies des Etats : soit
défensive (protectionisme), soit offensive (espionnage). La géoéconomie analyse
ainsi les politiques de deux acteurs spatiaux clés, les Etats et les firmes.
Cette nouvelle discipline est le reflet de l’évolution des relations
internationales post-Guerre froide, marquée par le déclin des idéologies et la
priorité donnée par les Etats à l’économie.
Géopolitique (géopol)
On
assiste après la Seconde Guerre mondiale à une occultation de la géopolitique
pour trois raisons : déconsidération due aux liens avec le nazisme, domination
des idéologies qui s’opposent, dépassement de la géographie liée aux capacités
nucléaires désormais mondiales. Les E.U. sont le seul pays où l’influence de la
géopolitique perdure : le concept de Heartland de Mackinder reste une grille de compréhension de la
guerre froide. La géopolitique renaît au
milieu des années 1970, avec deux ouvrages. Celui du Français Yves Lacoste La Géographie, ça sert, d’abord, à faire la
guerre, (1976) et celui de l’Américain Colin Gray The geopolitics of nuclear Era (1977). La chute de l’U.R.S.S., le déclin des
idéologies et la fragmentation du tiers-monde redonnent à la géopolitique tout
son sens. L’apport majeur de Lacoste est de trois ordres. D’abord, il est à
l’origine d’un tournant au sein de la géographie universitaire qui se consacre
désormais davantage à une réflexion sur ses méthodes ainsi qu’à la redécouverte
des anciens géographes (d’où le nom de sa revue Hérodote, fondée en
1976). Ensuite, il insiste sur le poids des représentations. Pour comprendre
une situation géopolitique, des « rivalités de pouvoirs sur un territoire »
(définition de la géopolitique pour Lacoste), il faut analyser toutes les
représentations. Pour une nation, la perte d’un territoire peut contenir une
valeur symbolique forte. Lacoste consacre de nombreux numéros de sa revue à des
questions nationales. La géopolitique lacostienne met l’accent sur la nécessité
d’adopter un point de vue multi-scalaire dans l’analyse des situations. La
guerre en Syrie par exemple, peut être vue comme une guerre communautaire
(échelle nationale), une des manifestations du grand affrontement entre chiites
et sunnites (échelle régionale) ou comme un des enjeux du bras de fer
russo-états-unien (échelle mondiale). Yves Lacoste utilise un type de
représentation graphique original qu’il nomme « diatope ». Enfin, il parle de
« géopolitique interne » pour montrer que les rivalités des acteurs
spatiaux peuvent également être de la géopolitique.Succedant à Yves Lacoste à
la tête d’Hérodote, Béatrice Gillin
joue un rôle important dans l’essor de la géopolitique interne.
Géostratégie (géopol)
Géopolitique
orientée vers l’action, soit économique, soit militaire. Elle comporte un volet
prospectif.
Voir prospective.
Gouvernance/gouvernance globale
(éco et géopol)
Née
au sein de l’entreprise pour améliorer les relations entre actionnaires et
managers, la gouvernance est une forme de régulation collective. Ensuite,
l’expression a été utilisée pour les relations internationales pour souligner
l’essor d’acteurs non étatiques tels que les organisations non
gouvernementales. Dans les institutions financières, bonne gouvernance signifie
une gestion rigoureuse des budgets. Le rapport Gouvernance mondiale (2002)
rédigé en 2002 par Pierre Jacquet, Jean Pisani -Ferry et Laurence Tubiana dans
le cadre du Conseil d’analyse économique offre une définition de la gouvernance
mondiale et une typologie des formes qu’elle peut prendre. Dans un monde
composé d’États nations, et donc fragmenté politiquement, la gouvernance
mondiale consiste donc à « gouverner sans gouvernement ». Cette gouvernance
mondiale peut prendre quatre configurations, qui s’articulent autour de deux
axes : le degré d’intégration de l’économie mondiale (de la diversité jusqu’à
l’homogénéité parfaite) ; le degré de solidarité qui relie ses acteurs (de
l’égoïsme jusqu’au sentiment d’appartenance communautaire).
Lorsque
les États nations coopèrent dans l’intérêt général, ils conservent leur
souveraineté (diversité) et agissent pour le bien commun (communauté). Ce
modèle de gouvernance est celui du multilatéralisme commercial. Ce concept naît
au siècle des Lumières, il fait de l’État-nation le support de la citoyenneté
et du choix politique, et de la raison la procédure qui permet d’atteindre le
bien-être de tous (au détriment de personne). À l’inverse, le souverainisme
fait de la défense des intérêts nationaux, l’objectif premier des relations
internationales. En matière commerciale, cette forme de gouvernance s’observe
avec les « égoïsmes sacrés » des années 1930 par exemple. Ces deux premières
formes de gouvernance s’appuient sur l’expression d’une diversité des choix
politiques nationaux. L’hégémonisme correspond à la situation où un seul État
nation impose ses choix aux autres (homogénéité). Cette situation correspond
par exemple à la domination anglaise du xixe siècle ou à celle des États-Unis
après 1945. En matière de régime monétaire international, on notera cependant
que la position hégémonique d’une nation doit la conduire à aussi supporter des
coûts : par exemple, la fin du SMI de Bretton Woods est provoquée par le choix
de la politique monétaire américaine à ne pas limiter la création de monnaie
(le dilemme de Triffin). Le fédéralisme conjugue cette fois l’intérêt général
(communauté) et l’existence d’un choix politique construit au niveau mondial
(et non plus national). Il se rapproche de l’idée d’un « gouvernement »
mondial. Il faut enfin noter que la gouvernance prend plusieurs formes :
financières avec le G20 ou le SMI, judiciaire avec la CPI…
Citation :
«
Loin d’être systématiquement en opposition (les États contre les marchés, les
ONG contre le pouvoir des firmes, etc.), ces différents acteurs sont liés,
engagés dans une négociation permanente ». Agnès Bénassy-Quéré, Christian
Chavagneux, Éloi Laurent, Dominique Pilhon, Michel Rainelli, Jean-Pierre
Warnier, Les Enjeux de la mondialisation,
2013
Voir aussi régulation internationale et
communauté internationale.
« Grand jeu »
(géopol)
Expression
désignant la rivalité russo-britannique au carrefour des empires en Asie centrale.
On parle aujourd’hui de « nouveau Grand Jeu » pour cette région charnière
soumise à de nombreuses convoitises. Parfois, l’expression est utilisée pour
évoquée une rivalité ancienne réactivée.
Guerre économique (éco et géopol)
Dans
La guerre économique (2009),
Jean-Marc Huissoud et Frédéric Munier ont mis en perspective le concept de
guerre économique qui apparaît de manière récurrente lors des guerres et des
crises, dont la dernière de 2007-2008, crise dite des subprimes. Aujourd’hui,
on parle aussi de guerre de monnaies pour évoquer le maintien de certaines
monnaies à un niveau bas (yuan) afin de donner de la compétitivité face à des
économies dont la monnaie se réévalue (euro, yen). Pendant la Guerre froide,
l’embargo céréalier des Etats-Unis à l’encontre de l’U.R.S.S. est une forme de
guerre économique. C’est en effet en 1971 que le Français Bernard Esambert,
conseiller du Président Pompidou et auteur de La guerre économique mondiale (1991), énonce le concept de
guerre économique. Celui-ci est à relier au le terme de
« géoéconomie » énoncé par l’Américain Edward Luttwak (Le rêve américain en danger, 1995). Il
définit alors la géoéconomie comme « la logique conflictuelle, traduite en
termes commerciaux ». Il faut d’abord différencier le terme avec celui
d’économie de guerre qui désigne l’ensemble des moyens mis en place par les
Etats pour financer et produire un conflit. La guerre économique est plus
complexe et comporte trois acceptions différentes. Elle peut d’abord être une
modalité de la guerre comme l’embargo déjà cité. Dans un second sens plus
large, il s’agit d’une forme atténuée de « hard power » par l’utilisation de moyens pour défendre ses
parts de marché et accroître sa puissance. Enfin, le dernier usage du terme est
extensif et peut être assimilée à une concurrence exacerbée. Colbert affirme
ainsi que « les compagnies de commerce sont les armes du roi et les
manufactures sont ses réserves ». Le protectionnisme et l’impérialisme
sont les deux grandes politiques de guerre économique des Etats. Face à la
crise, R.U. et France réorientent leur commerce vers leurs empires. Les régimes
totalitaires développent des politiques visant à l’autarcie. Ainsi, les années
1930 se caractérisent par l’émergence et l’opposition de blocs commerciaux et
monétaires. Au final, toutes les périodes sont marquées par la guerre
économique qui est, selon Huissoud, et Munier « règle plus
qu’exception ». Pascal Gauchon titre ainsi dans un hors-série de la revue Conflits : « Nous sommes en
guerre économique » (Hors-série n°1, hiver 2014).
Heartland »,
concept de Halford Mackinder (géopol)
Géographe
britannique de terrain, Mackinder élabore des manuels scolaires, puis poursuit
des recherches géopolitiques originales qui l’amènent à montrer qu’une région
de la planète, qu’il nomme « Heartland »,
est la clé de la domination mondiale. Au lendemain de la P.G.M., alors que la
Russie bascule dans le communisme et que l’Europe se redécoupe, il montre dans
son ouvrage Les idéaux démocratiques et
la réalité, (1919), un monde découpé en trois parties : l’Océan,
l’île-monde « world-ocean » qui correspond à l’Europe, l’Asie et
l’Afrique et les îles artificielles de l’île-monde (G.B., Amérique, Japon et
Australie). Mackinder considère que l’île-monde, soit à peu près l’Eurasie, est
le pivot central du monde et qu’elle possède elle-même un cœur stratégique, le
« Heartland ». Celui-ci se confond avec la Russie, dont l’immensité
et les ressources lui donnnent un potentiel immense. Ce « Heartland »
est bordé par les « Coastlands » qui le ceinturent et lui donnnent
accès à l’Océan mondial. Ces « Costlands » sont l’Europe occidentale,
le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et de l’Est : elles forment le croissant
intérieur ou marginal. Pour Mackinder, tous les conflits peuvent s’expliquer par
les frictions entre ce pivot et ses bordures. Et tout pourrait être
déséquilibré si un jour l’Allemagne et la Russie devaient s’unir. Héritier des
angoisses historiques anglaises, il redoute toute émergence d’un pouvoir
hégémonique continental européen. « Qui tient l’Europe orientale contrôle
le Heartland, qui tient le Heartland contrôle l’île mondiale, qui tient l’île
mondiale contrôle le monde ». Mackinder prend ici le contre-pied de
l’adage du navigateur anglais de l’époque élisabéthaine, Sir Walter Raleigh,
qui affirmait : « Qui tient la mer tient le commerce du monde,
qui tient le commerce du
monde tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde
lui-même ». Dans les années 1920, au moment où la puissance
britannique s’essouffle, Mackinder met en garde contre le rapprochement entre
Moscou et Berlin. Il appuie la politique de « cordon sanitaire » en
Europe orientale et prône l’alliance avec la France et les Etats-Unis. En 1943,
Mackinder remet à jour sa théorie du pivot dans l’article The Round World (paru
dans la revue Foreign Affairs) en montrant que l’alliance entre les E.U. et la
G.B, puissances maritimes, et la France, tête de pont sur les Coastlands,
pourrait contenir la puissance du Heartland dans le futur. Le nouveau concept
de Midland Ocean (l’Océan Atlantique), lui permet se symboliser cette union
transatlantique.
Identité (cult et pol)
Notion
plurielle assez subjective et souvent instrumentalisée. Aucune identité n’est
naturelle ; aussi, il est préférable de parler de construction
identitaire. En effet, chaque individu ou groupe élabore des représentations
qui évoluent avec l’interaction avec les autres individus ou groupes.
Ingérence/droit d’ingérence
humanitaire (géopol)
Intervention
dans les affaires d’un Etat, sans son consentement, au mépris du principe de
souveraineté. L’ingérence peut être politique, économique, culturelle,
religieuse et même humanitaire. Dans un ouvrage sorti en 2016, Rony Brauman
(co-fondateur de MSF) parle de « diplomatie de l’ingérence » ;
en 2011, l’intervention franco-britannique en Libye est un exemple qu’il
condamne fortement. En effet, l’ingérence humanitaire est apparue avec la
création de Médecins sans frontières. Les ONG revendiquent un droit d’ingérence
et de témoignage lorsque les droits de l’hommes peur paraissent violés. Depuis
la résolution 43/131 (en 1998) de l’Assemblée générale des NU autorisant
l’accès aux victimes pour les ONG, le Conseil de Sécurité n’a cessé d’élargir
cette brèche juridique.
Missions de paix de
l’O.N.U. (géopol)
Opérations
internationales non coercitives des N.U. réalisées par des contingents
nationaux volontaires, décidées par le Conseil de sécurité ou l’Assemblée
Générale et financées par l’O.N.U. ou des Etats volontaires. Il existe quatre
grands types de missions :
1/
maintien de la paix : interposition entre des belligérants (avec leur
accord) sur la base d’un cessez-le-feu dont la mission assure la surveillance.
Exemples : UNMOGIP au Cachemire, groupe d’observateurs des N.U. en Inde et
au Pakistan.
2/
Imposition de la paix : intervention militaire (menée par un ou plusieurs
Etats) autorisée par l’O.N.U. contre un Etat « fautif ».
Exemple : ONUSOM, Opération des N.U. en Somalie de 1993-94.
3/
Consolidation de la paix : objectif de contribuer au renforcement des bases
d’accord existants. Les contingents des N.U. peuvent être accompagnés par une
force de sécurité sous commandement étatique ou multilatérale, autorisée à
utiliser la force. Il s’agit souvent de désarmer des forces militaires.
Exemple : APRONUC, Autorité des
N.U. au Cambodge en 1992-93.
4/
Rétablissement de la paix : négociations de paix organisées par l’O.N.U.
souvent en liaison avec les O.N.G. et les organisations régionales.
D’autres
missions existent comme celles de reconstruire un Etat défaillant en coopération
des O.N.G. (Sierra Leone) ou de lutte contre le terrorisme (années 2000).
Monde (pol)
Dans
une conception géohistorique de la mondialisation, il est usuel de faire
prendre racine au processus de mondialisation actuelle vers -12000, à la
révolution néolithique. Pour diverses raisons (climatiques par exemple) l’Homo
sapiens quitte ses foyers initiaux de peuplement et part à la conquête de la
terre. Au gré des siècles et des millénaires, ces zones de peuplement vont se
couper, évoluer dans des mondes différents, parfois en relation (Europe/Asie),
parfois en parallèle et en ignorance totale comme l’Europe et l’Amérique
jusqu’en 1492. Le Monde avec un M majuscule correspond à la situation actuelle
de cette évolution, celle qui a vu au cours de l’histoire la rencontre et les
échanges de tous les groupes humains sur la planète donnant ainsi naissance à
« un espace social d’échelle planétaire » (Michel Lussault, L’avènement du monde, 2013) dans lequel
ces groupes ont conscience de leur existence commune sur la planète Terre. Le
Monde avec un M majuscule correspond donc à cette vison d’une Humanité une, indivisible,
dont l’échelle spatiale commune est actuellement celle de la planète. Christian
Grataloup y a consacré plusieurs ouvrages.
Citation :
«
Entre l’exaltation des particularismes, source de conflits, comme le furent les
nationalismes européens du début du xxe siècle, et la “disneylandisation”
du monde, deux processus simultanément à l’œuvre, il y a place pour un monde
global. On peut l’appeler le Monde, avec une majuscule, car il représente
depuis quelques siècles un être unique, appelé par un toponyme, comme l’Afrique
ou la Bretagne, c’est-à-dire un nom propre », Christian Grataloup, Géohistoire de la mondialisation, 2007.
Mondialisation/ (éco)
Le
terme mondialisation date des années 1960. Son sens est multiple selon les
disciplines. Ainsi les économistes y voient l’édification d’un marché mondial
ou bien les sociologues celle d’une société-monde. Les historiens considèrent
qu’elle se met en place progressivement à partir de la Renaissance et des
Grandes Découvertes, voire avant. Le géographe français Laurent Carroué
(s’appuyant sur les travaux géohistoriques de Fernand Braudel, Immanuel
Wallerstein et Paul Bairoch) définit la mondialisation comme « le
processus historique d’extension progressive du système capitaliste dans
l’espace géographique mondial ». Le terme anglo-saxon de
« globalization » concerne plutôt les effets de la mondialisation,
soit les « phénomènes d’interaction entre les milieux naturels et les
actions humaines qui affectent le fonctionnement du globe terrestre et qui
exigent donc des réponses globales et coordonnées à l’échelle planétaire ». Ainsi la mondialisation
implique une internationalisation, dynamique des relations internationales, et
une universalisation, soit « l’essor de nouvelles problématiques dans les
champs politiques, juridiques ou sociétaux qui intéressent l’ensemble des
civilisations humaines. ». Au final, on peut différencier quatre grandes
étapes : d’une part les débuts de la mondialisation (Grandes découvertes),
la première mondialisation nommée par les économistes internationalisation et
par Suzan Berger « notre première mondialisation » du début de la
seconde révolution industrielle, vers 1870 à 1914 ; ensuite, on assiste à
un repli économique (protectionisme) et idéologique (communisme en URSS),
adopté par des pays majeurs après 1945 (Chine, Inde). Il faut attendre les années 1971 pour le commerce international
retrouve son niveau d’avant 1929, mais l’accélération des flux est rapide. On
parle alors de globalisation.
Citations :
«
Du point de vue du commerce, le monde entier n’est qu’une seule nation ou un
seul peuple, à l’intérieur duquel les nations sont comme des personnes »,
Sir Dudley North, Discourses upon
Trades, 1691.
«
Pour comprendre les mondialisations, celles d’hier et celle d’aujourd’hui, rien
ne vaut l’examen d’un morceau de tissu. Sans doute parce qu’il n’est fait que
de fils et de liens, et des voyages de la navette », Éric Orsenna, Voyage au pays du coton. Petit précis de la
mondialisation, 2006
Multilatéralisme
(géopol)
Forme
de coopération fondée sur la participation d’acteurs étatiques visant à mettre
en œuvre des objectifs communs. Au niveau géographique, il peut être régional
(CEE), continentale (UE) ou universel (ONU). Cette coopération est parfois
portée par une puissance hégémonique comme les Etats-Unis après 1945.
Voir aussi gouvernance, multipolarité, organisation
internationale et ordre mondial.
Multipolarité (géopol)
La
multipolarité est de plus en plus évoquée pour caractériser le monde après
2001. Elle suppose l’existence de plusieurs pôles économiques et géopolitiques.
Le géographe français Michel Foucher préfère parler d’une monde polycentrique
pour illustrer l’existence de ces pôles sans objectifs communs.
Nationalisme (pol)
Doctrine,
mouvement politique qui revendique pour une nationalité le droit de former une
nation. En ce sens, le XIXème est le siècle des nationalités, aboutissant aux
unités allemande et italienne, mais aussi à la Première Guerre mondiale. Une
fois celle-ci formé, le plus souvent dans le cadre d’un Etat-nation, le
nationalisme est l’exaltation, l’attachement à la nation ou bien à son
territoire (patriotisme). Après 1945, l’essor d’organisations régionales et
internationales ainsi que la mondialisation semblent affaiblir le nationalisme
en Occident. Ailleurs, avec la décolonisation et l’élaboration de nouveaux
Etats-nations, il est très vivant. Aujourd’hui, partout, face à la peur d’une
uniformisation culturelle et aux migrations liée à la mondialisation, on
assiste à un renouveau identité, soit national, soit religieux.
Occident (géo, hist, pol et géopol)
Le
verbe latin occidere signifie se coucher, tomber, qui s’oppose à orior, naître.
Avant d’avoir un sens culturel, l’Occident est l’Ouest. Georges Corm évoque une
« mégaidentité » liée à cinq événements fondateurs : l’invention de la cité des
sciences par les Grecs, l’invention du droit et de la propriété privée par les
Romains, la révolution morale du christianisme, la synthèse papale des vi-xiiie
siècles et la promotion de la démocratie libérale à partir du xviiie siècle.
Mais aujourd’hui, où s’arrête l’Occident ? Dans L’Histoire de l’Occident
(2016), Christian Grateloup s’interroge : la limite Nord-Sud dressée par Brandt
en 1970 intègre le Japon et la Russie ; sont-ils occidentaux ? Alain Rouquié
qualifie aussi l’Amérique latine d’« extrême Occident » en 1998.
Citation :
« La
démondialisation qui s’amorce est en réalité une désoccidentalisation de la
mondialisation […]. Nous assistons à la perte du monopole occidental de la
mondialisation. D’où ce sentiment de malaise en Occident, le sentiment d’un
déclin qu’on ne maîtrise pas du tout ». Michel Foucher, « Un monde
démondialisé, c’est un monde en guerre », 2017.
Ordre international ou
mondial/système international ou mondial (géopol)
Du
Congrès de Vienne (1815) jusqu’à la SGM, le système mondial était organisé
autour de quelques grandes puissances. Les guerres étaient le moment de remise
en ordre des rapports de force et des territoires des puissances. L’idée d’un
ordre ou système international correspond à une structuration de la scène internationale,
présentant comme caractéristiques principales la reconnaissance mutuelle de la
souveraineté et des frontières des Etats (facteur de sécurité ou parfois de
rivalité), dans un contexte d’inégalité de la puissance où les Etats les plus
forts s’appuient sur des alliances et des valeurs plus ou moins universelles.
Après 1945, les puissances dominantes se réduisent à deux
« superpuissances » et le monde devient bipolaire jusqu’en 1991.
Ainsi, un ordre mondial implique une hiérarchie des puissances et des valeurs
défendues par les leaders pour justifier leur influence sur le reste du monde.
Chaque période d’instabilité correspond à un nouvel équilibre des puissances,
ce qui favorise un changement. Fin XIXème, la montée de l’Allemagne est mal
vécue par le R.U. et la France, d’où une forte instabilité politique et
militaire entre 1914 et 1945. D’abord utilisée par un romancier britannique,
l’expression ordre mondial est reprise en 1990 par George Bush (Président de
1989 à 1993). En 1991, le Président américain Bush évoque l’idée de nouvel
ordre mondial en évoquant la nouvelle situation internationale post-guerre
froide. Au final, le système international est lié à un rapport de forces entre
les grandes puissances au niveau géoéconomique, idéologique et géopolitique.
Organisation des Nations Unies ou
ONU (géopol)
Créée en 1945 afin de
remplacer la Société des Nations, l’ONU est par excellence l’organisation
généraliste à vocation universelle. Si 51 Etats ont signé la charte de San
Francisco le 26 juin 1945, l’organisation compte aujourd’hui 193 membres, le
dernier Etat admis étant le Sud-Soudan en 2011. L’objectif de l’ONU est
double : le maintien de la paix et le développement. Le premier objectif a
été bloqué pendant la Guerre froide. Dotée de 5 organes principaux, l’Onu
s’appuie sur une myriade d’organismes qui lui sont rattachés. Si la fin de la
Guerre froide lui redonne une vitalité avec, par exemple, l’envoi d’environ
100 000 casques bleus, l’Onu est confronté à un problème de légitimité
dans la mesure où il reste dominé par les cinq vainqueurs de la Seconde Guerre
mondiale qui sont membres permanents du Conseil de sécurité avec droit de veto.
La refonte du fonctionnement
Organisation
internationale ou organisation
intergouvernementales ou OIG (géopol)
Aussi
appelée organisation intergouvernementale, c’est un ensemble structuré où des
participants de différents Etats coordonnent leur action, à l’échelle
internationale (ex : ONU) ou régionale (ex : Union européenne). Le
plus souvent, une OI procède d’un acte fondateur (charte, traité) et s’inscrit
dans des institutions (secrétariat). Ce sont des associations d’Etats,
généralement fondées par des traités de droit international.
Organisation non
gouvernementale ou ONG (géopol)
Association formée par des particuliers en vue
de réaliser des objectifs non lucratifs. Elle défend des valeurs et des
convictions et non des intérêts. Développée au XVIIIème siècle avec, par
exemple, des associations anti-esclavagistes comme la The National Colonization
Society of America,
« la société nationale d'Amérique de colonisation »), pour y
installer des esclaves (qui
vont aider à former l’Etat du Libéria en 1847),
au XIXème siècle la Croix-Rouge, fondée par Henri Dunant en 1863, devient la
principale ONG. Après 1945, on assiste à leur essor considérable ainsi qu’à
leur diversification.
Au
fond, les ONG tentent de pallier les carences des Etats et des institutions
internationales.
Partenaire (géopol)
De l’anglais partner ; pays (ou autre acteur spatial comme une firme) avec
lequel on tisse des relations. Le terme est polysémique et graduel. On sens
strict, il s’agit d’un allié, mais aujourd’hui il est plutôt utilisé pour
évoquer des relations d’égal en égal à l’image du partenariat Union
européenne-Russie signé en 1997. Ici, il s’agit bien d’un accord, mais pas
d’une alliance approfondie. Le partenariat concerne aussi l’économie dans la
mesure où les échanges créent des interdépendances entre les Etats. Ainsi,
Etats-Unis et Chine sont très liés aux niveaux commercial et financier qui obligent
leurs dirigeants à engager de manière régulière des rencontres.
Pays émergents/émergence (éco)
Les
pays émergents sont des économies qui disposent d’un PIB par habitant inférieur
au seuil retenu par la Banque mondiale pour caractériser les pays hauts revenus
(12 476 dollars par habitant en 2016), mais qui connaissent une forte
croissance rapide, s’appuyant sur une progression rapide de leurs exportations
de biens et services. En Asie, par exemple, la Chine et l’Inde sont des
économies émergentes, tout comme le Brésil en Amérique du Sud et l’Afrique du
Sud en Afrique. Au sens commun du terme, l’émergence désigne le fait de sortir
de l’ombre pour apparaître en pleine lumière. C’est la sortie du
sous-développement, c’est l’accession au développement. Depuis la fin des
années 1990, les analystes financiers utilisent cette notion pour désigner les
pays à fort potentiel de croissance où il est bon d’investir. L’émergence est
une notion nouvelle appliquée à une réalité ancienne. Mais l’émergence n’est
pas seulement économique, elle est aussi sociale, politique et géopolitique :
elle se traduit par une plus grande influence dans les relations
internationales. L’émergence se caractérise par sa pluralité de domaines de
développement, la diversité de ses degrés d’émergence et ses différentes stratégies.
Pays moins avancés ou PMA (éco et
géopol)
Pays
les moins avancés (PMA) : appellation donnée par les Nations unies en 1971 aux
pays considérés comme les plus pauvres de la planète. Ceux-ci constituent un
groupe composé par inscription volontaire selon des critères démographiques
(population inférieure à 75 millions d’habitants), économiques et sociaux (IDH
faible, RNB par habitant. inférieur à 900 dollars par an, vulnérabilité à la
conjoncture économique internationale, etc.).
Prospective/scénarios (géopol)
Ensemble
de recherches concernant l’évolution future des sociétés et permettant de
dégager des éléments de prévision. Certains organismes comme l’ONU ou des
géopoliticiens publient souvent des données ou des ouvrages de prospective où
ils décrivent certains scenarios. C’est le cas, par exemple, de Pascal Boniface
et Hubert Védrine dans leurs ouvrages « Atlas global » et
« Atlas des crises et conflits ». Exemple, pour la crise ukrainienne,
trois scénarios possibles : scénario 1, respect des accords de Minsk, paix
et autonomie des territoires russophones de l’est ; scénario 2, pas
d’application des accords, désengagement occidental et indépendance de facto de
l’est ; scénario 3, reprise du conflit entre Kiev et Moscou avecs des
effets incalculables.
Puissance par Joseph Nye (géopol)
Universitaire
américain, spécialiste des relations internationales, Joseph Nye a été
sous-Secrétaire d’Etat de Carter, puis Secrétaire adjoint à la Défense sous
Clinton. Son livre Bound to lead (1990)
est une réponse à la vision décliniste de l’historien britannique Paul Kennedy Naissance et déclin des grandes puissances
de 1500 à nos jours (1988). Nye montre que la mondialisation nécessite de
changer les grilles de lecture de la puissance qui est devenue moins coercitive
et moins tangible. Nye parle de puissance de cooptation (« co-aptive
power ») qui consiste à coaliser les autres pays de leur plein gré :
« obtenir des autres qu’ils
veuillent la même chose que vous ». Il s’agit donc de l’attractivité
exercée par le modèle dont on est l’incarnation. Elle s’oppose à la puissance
dure (« hard power »),
c’est-à-dire la puissance militaire et économique d’un pays. La puissance douce
(« soft power ») prépare le
terrain à la puissance de cooptation. Les E.U. peuvent ainsi échapper au déclin
par leur influence considérable. Dans son livre de 2001 « Paradoxe de la puissance américaine »,
Nye distingue trois sources de soft power : l’attractivité des valeurs
politiques, la perception de la politique étrangère et le rayonnement culturel.
Pour optimiser sa puissance, un Etat doit œuvrer à faire concorder les
objectifs de son soft et hard power. La combinaison harmonieuse des deux est
nommée « puissance intelligente »
(smart power), notion forgée par Suzanne Nossel en 2004, qu’elle développe dans
son livre de 2011 « Le futur de la
puissance ». Ce qui fait l’efficacité d’une puissance n’est pas tant
sa quantité que la qualité du dosage entre sa dimension soft et hard. Cela
demande un équilibre intelligent. En ce sens, l’invasion de l’Irak en 2003 est
une grave erreur. Trop exhiber sa force affaiblit sa capacité de séduction. Les
thèses de Nye arrivent à Pékin sous le nom de huayuquan (« puissance du
discours »). Elu en 2009, Obama s’inscrit d’emblée dans les idées de Nye à
l’image de son discours du Caire pour réconcilier les E.U. avec le monde
musulman.
Puissance mondialisée (géopol)
Expression
utilisée par Bertrand Badie pour montrer que la mondialisation implique un
changement de statut pour la puissance. L’interdépendance économique donne plus
d’importance à la technologie et à la capacité d’influence via les nouveaux
acteurs non étatiques (réseaux sociaux, ONG, think tank…). Badie prolonge le
concept de « smart power » de Nye et parle de puissance médiatrice
dans le cadre d’une scène internationale de plus en plus multilatérale.
Citation :
«
Nul doute qu’une puissance mondialisée est plus qu’une puissance mondiale. Du
temps de la bipolarité, celle-ci découlait des capacités hégémoniques des deux
Grands. Aujourd’hui, la mondialisation se construit aussi par le bas, sous
l’effet de dynamiques issues de la pluralité des cultures et de
l’entrecroisement de sociétés profondément inégales », Bertrand Badie, Puissances d’hier et de demain. L’État du
monde 2014, 2013.
« Realpolitik »
(géopol)
Terme
forgé par Bismarck pour définir une politique étrangère pragmatique, par
opposition à un politique idéaliste. Exemple : « Ostpolitik » de
Willy Brandt qui implique le constat de la division de l’Allemagne et consiste
à engager un dialogue avec les autorités est-allemandes. Aujourd’hui, les liens
entre la France et l’Arabie Saoudite est une forme de réalpolitik en raison des
intérêts économiques qui constraste avec les critiques du Canada envers les
Saoudiens au sujet des droits de l’homme.
Régulation/régulation
internationale (éco, pol et géopol)
Ensemble
de processus juridiques et politiques visant, au sein d’un Etat, à maintenir un
ordre économique ou politique ; au niveau mondial, la régulation
correspond à l’élaboration d’une communauté internationale. La mondialisation a
impliqué une dérégulation néolibérale qui a partiellement affaible les Etats.
Ressources (éco)
Les
ressources sont les matières premières minières minérales, énergétiques,
hydriques et agricoles, indispensables à la croissance économique et au
développement. Les réserves de matières premières sont des ressources
identifiées, localisées, explorées ou susceptibles d’être exploitées. Les
réserves bases sont des ressources identifiées mais non exploitées, par exemple
pour des raisons géopolitiques ou économiques.
Rimland
(géopol)
Au
terme de heartland, le politiste
américain Spkyman (1893-1943) ajoute celui de rimland ou marge. Entre les
territoires du heartland, contrôlés par la principale puissance continentale et
les espaces maritimes, se situe une bande de pays intermédiaires, le rimland
dont la possession est décisive pour la domination du ùonde. L’Europe
occidentale, le Proche-Orient, le monde turco-iranien, l’Asie orientale en font
parties.
Voir aussi heartland et géopolitique.
Rivalités
(géopol)
Du latin rivalitas, rival. Situation de personnes
ou d’acteurs en compétition ou en concurrence, voire en opposition.
Sécurité alimentaire
(éco et géopol)
Disponibilité
suffisante de nourriture en qualité et en quantité, accessible à tous, avec un
approvisionnement stable. Objectif économique qui comporte un aspect
géopolitique important tant à l’intérieur des Etats (stabilité) qu’à
l’extérieur (dépendance vis-à-vis des importations). Selon la Food and
Agricultural Organisation (FAO), est atteinte quand "tous les êtres
humains ont un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine
et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs
préférences alimentaires afin de mener une vie saine et active".
L'autosuffisance alimentaire consiste en la capacité d’un état de produire des
ressources alimentaires en quantité suffisante sur son territoire. La souveraineté alimentaire, se définit comme
le droit, pour un humain ou pour un état, de définir ses propres politiques
agricoles, dans une recherche d'autonomie foncière, semencière et
alimentaire.
Sécurité
internationale ou collective (géopol)
Stratégies
qu’un acteur individuel ou collectif afin de réduire les menaces
internationales. La sécurité peut prendre la forme d’une concertation
aboutissant à un régime de sécurité s’imposant à tous les Etats.
Société mondiale
(pol)
La
violence des premiers conflits de l’ère industrielle amène à une prise de
conscience de personnalités tel que Henri Dunand (fondateur de la Croix Rouge
et premier prix Nobel de la paix en 1901) ou Léon Bourgeois qui milite pour la
construction politique mondiale (lui aussi sera nobélisé en 1920). Ces acteurs
poussent à la signature de conventions internationales (signées à La Haye ou à Genève) qui forgent les prémices
d’un droit international. La Suisse, pays neutre et aussi protestant, acceuille
en effet de nombreuses instances internationales qui participent à
l’élaboration d’une société mondiale qui est cependant plus souhaitée que
réelle et respectée. Récemment, le régime syrien, connu pour l’utilisation de
gaz contre ses opposants, est signataire de la Convention sur l’interdiction
des armes chimiques (1993).
Souveraineté/délégation de
souveraineté (pol)
Notion
politique conçue au Moyen-Age pour légitimer l’indépendance d’Etats naissants
(France, Angleterre) à l’égard du Pape et de l’Empereur et reprise par de
nombreux juristes comme Jean Bodin (mort en 1596). La notion de souveraineté ne
reconnait aucune autorité supérieur à celle de l’Etat sur son territoire et
forme le socle du système international. Ce dernier est lié au principe
d’égalité des Etats et donc à celui de non-ingérence dans les affaires
intérieures. Aujourd’hui encore de nombreux Etats comme la Chine réaffirme ses
principes, alors que d’autres, engagés dans des processus d’intégration
régionale comme l’Union européenne, affirment une délégation volontaire de
souveraineté.
Supranational (pol)
Le
concept supranational désigne ce qui se place au-dessus des nations. Ainsi, une
autorité supranationale dispose d’un pouvoir de décision supérieur à celui des
institutions nationales qui sont placées sous sa responsabilité.
Terrorisme (géopol)
La
Communauté internationale n’a jamais pu s’entendre sur une définition
commune du terrorisme. A l’image des Palestiniens, les terroristes des uns
(Israël) sont les résistants des autres (Arabes). Pour Pascal Boniface, il
serait un acte politique recourant à la violence et s’en prenant de façon
aveugle à des civils. Mais la question de l’acteur reste floue : selon les
Occidentaux, les terroristes sont issus de groupes intra-étatiques, mais
beaucoup de non-Occidentaux pensent que les Etats peuvent exercer des actions
terroristes. Comment qualifier les actes de Bachar el-Assad envoyant des barils
d’explosifs sur des populations civiles ?
Westphalie (traités
de) (pol)
Signés
en 1648 à l’issue de négociations entre de nombreux pays européens. Outre un
remodelage territoriel du continent européen, ces traités consacrent l’adoption
de nouveaux principes politiques : sécularisation des Etats (au détriment
de la papauté), affirmation des Etats (au détriment de l’empire autrichien) qui
renforcent leurs identités, leurs souveraineté à l’intérieur de frontières.
Ainsi naît l’Etat moderne.
Zone économique
exclusive ou ZEE (géo et éco)
Bande
côtière de 200 milles de large, soit 370 km, sur laquelle est autorisée la
navigation maritime internationale, mais qui reste su ressort de la
souveraineté de chaque Etat du point de vue économique (pêche, exploiation
minières offshore). Les revendications portant sur de minuscules îlots se
justifient par la possibilité d’étendre une ZEE autour de chaque îlot possédé.
Voir convention de Montego Bay.
Zone grise (pol)
Pour
Jean Christophe Ruffin, la zone grise est un « espace de non-droit ».
On peut différencer deux types : d’une part, la zone grise stato-centrée,
marquée par l’effondrement de l’Etat et, d’autre part, la zone grise économique
où des acteurs illégaux comme les mafias exercent une partie des fonctions
régaliennes. On peut aussi voir la zone grise en fonction des échelles :
au niveau mondial, ce sont les Etats faillis ; au niveau national, les
populations indigènes souvent mal intégrées ; enfin, au niveau local, les
bidonvilles du Sud au quartiers défavorisés du Nord sont des zones grises.
pour aller plus loin : sortie en février 2019 du lexique des prépas HEc chez Studyrama (auteur : Serge Boyer)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire