Qui êtes-vous ?

Auteur : Serge BOYER. Professeur agrégé d'histoire-géographie. Au lycée Ozenne dep 2002, j'ai eu des activités de formation à l'IUFM et participé à des manuels et rédigé des articles dans la revue "Espace Prépas". Enseigne en CPGE depuis 2009. Auteur principal du nouveau manuel "réussir sa prépa" sorti en 2017 chez Studyrama et réactualisé pour le nouveau programme (sortie juin 2021). Jurys : CAPES, ECRICOME, TBS, GEM. Chargé de cours à TSE sur l'histoire des faits économiques et de TD de géopolitique à l'Université Jean Jaurès. Mail : sergeboyer@netcourrier.com

60 MOTS CLES

Voici une sélection de termes clés de la géopolitique :

Acteur spatial (géo et géopol)  
Un acteur spatial constitue une organisation (Etat ou firme) ou une population (individu ou société) qui transforme un espace en territoire. Le plus souvent, les acteurs spatiaux interagissent entre eux. Par exemple, la périrubanisation est accélérée par la vente de terres des agriculteurs, achetées par des promoteurs immobiliers dans un cadre législatif (Etat).

Vision synthétique des acteurs spatiaux selon les différents niveaux d’échelle
ECHELLES
ACTEURS
MONDIALE
       O.I.(ex ONU)
       O.N.G. (ex MSF)
       Entreprise globale (ex Nike)
       Etats puissants (197 reconnus par ONU)
         Diaspora (ex chinoise)
         C40 (groupe de 40 villes de l’archipel mégalopolitain mondial , Présidente Anne Hidalgo)
CONTINENTALE
·         Unions commerciales (ex Union européenne)
·         Unions politiques (ex ligue arabe)
·         Lobbys de firmes ou d’organisations (Washongton et Bruxelles)
·         Associations politiques ou religieuses (ex Ligue islamique)
NATIONALE
       Les Etats (fonctions régaliennes)
          Rôle des FMN (près de 100 000)
REGIONALE
       Régions (tailles diverses)
       Métropoles (métropole lyonnaise remplace le département du Rhöne))
LOCALE
·         Individu (réseaux sociaux)
         Firme historique (ex : FIAT à Turin)

Acteur transnational (éco pol géopol)
Tout acteur qui agit dans l’espace mondial en dépassant le cadre étatique national et qui échappe, au moins partiellement, au contrôle des Etats. Ces acteurs se forment souvent en réseaux.

Alliance (géopol)
Engagement entre deux Etats ou plus, une alliance vise à assurer la coopération au niveau militaire. Il s’agit de créer une menace dissuasive face à un Etat tiers, d’accroître la puissance de ses membres dans la perspective d’un conflit. On observe deux types d’alliances : permanentes comme l’OTAN ou temporaires comme lors de la première guerre du Golfe. Pour les firmes globales, les alliances stratégiques sont des accords techniques (commerciaux, de production) qui visent à optimiser les coûts.

La première guerre du Golfe, exemple d’alliance temporaire : nombre de soldats en service actif d’août 1990 à juin 1991
Etats-Unis                    697 000                       Australie                      700
Arabie Saoudite           100 000                       Pays-Bas                     600
Royaume-Uni              45 400                        Niger                           600
Egypte                          33 600                        Espagne                       500
France                          14 600                        Sénégal                        500
Syrie                            14 500                        Bahrein                        400
Maroc                          13 000                        Belgique                      400
Koweit                          9 900                         Afghanistan                 300
Oman                            6 300                         Argentine                    300
Pakistan                         4 900                         Corée du Sud               200
Emirats Arabes Unis       4 300                        Grèce                          200
Qatar                              2 600                        Pologne                       200
Bangladesh                     2 200                        Danemark                    100
Canada                           2 000                        Hongrie                       50
                                                                        Norvège                      50
       Angle mort (géopol)


En géographie, il s’agit d’un espace périphérique, souvent peu peuplé et répulsif. La vision géopolitique y apporte l’idée que l’angle mort est peu stratégique, soit par absence de ressources, soit par la faiblesse des liens avec l’extérieur. Il peut devenir une périphérie en essor en s’intégrant à des espaces centraux.                                                               

BRICS (géopol)

L’acronyme BRIC apparait pour la première fois sous la plume de Jim O’Neill en 2001. Alors chef économiste de la Banque Goldman Sachs, il publie une note intitulée « Building Better Global Economic BRICs » pour conseiller ses clients-investisseurs. Il y montre combien le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine sont des pays à forte croissance, dont le poids dans l’économie mondiale est amené à se renforcer considérablement. Les BRIC se réunissent en sommet tous les ans depuis 2009. Même si sa position économique est plus fragile, c’est d’abord en tant que représentant d’un continent trop longtemps marginalisé dans la mondialisation que l’Afrique du Sud rejoint les pays du BRIC pour donner BRICS. Les BRICS représentaient 16 % du PIB mondial en 2001, détiennent aujourd’hui 27 % du PIB mondial, un chiffre qui pourrait atteindre 40 % en 2025 selon la Banque mondiale. Cependant tous les membres des BRICS ne possèdent pas la même place dans l’économie mondiale. En août 2013, dans le Wall Street Journal, Jim O'Neil explique ainsi que le terme qu’il a inventé est désormais beaucoup moins valable.


Casques bleus (géopol)
Forces militaires de maintien de la paix de l’ONU. Leur nombre était de 91 600 en mai 2018. Les principaux pays fournisseurs de troupes sont : Ethiopie 8 400, Bangladesh 7 100, Rwanda 7 000, Inde 6 700, Pakistan 6 000 et Népal 5 500. L’armement et la formation sont financés par l’ONU.



Choc de civilisations (pol, cult et géopol)
Thèse du politologue américain Samuel Huntington établie en1993 (article de la revue Foreign Affairs), repris dans un ouvrage en 1996, Le choc des civilisations et le nouvel ordre mondial. Divisant le monde en 9 civilisations majeures, l’auteur s’attarde peu sur les caractéristiques d’une civilisation (« sang, langue, religion, manière de vivre ») afin de proposer un outil d’interprétation des relations internationales. Sa thèse est que l’Occident a atteint son âge d’or par rapport aux deux civilisations montantes (Islam et Chine), ce qui va provoquer un regain de tensions entre Etats. L’ « axe islamo-confucéen » faisant face au déclin occidental, Huntington appelle à la mobilisation en soulignant l’influence néfaste du multiculturalisme, responsable de l’affaiblissement des Etats-Unis. Ainsi, selon lui, les principaux conflits post-guerre froide expriment un antagonisme civilisationnel. Pour autant, il n’est pas le prophète d’une quelconque guerre de civilisations ; il sera contre l’invasion de l’Irak en 2003, préconisant plutôt une règle de l’abstention. Au contraire, il pense que l’Occident doit admettre son déclin et cesser cette prétention à l’universalisme.



Communauté internationale/gouvernance mondiale (géopol)
Cette expression, couramment utilisée par les médias et parfois aussi par les acteurs politiques eux-mêmes est ambigüe et soulève de nombreuses interrogations. Utilisée pour désigner un ensemble vague d’acteurs politiques (Etats, organisations internationale, individus) unis pour la défense de la paix, elle véhicule l’idée d’une humanité unie par une solidarité, par des valeurs partagées, par des objectifs communs ou encore par une même allégeance à des institutions politiques centrales comme l’O.N.U., née en 1945. Si l’idée de communauté internationale naît donc des atrocités de la S.G.M., elle est issue d’un courant intellectuel plus ancien. Ainsi, le Français Léon Bourgeois propose dans son ouvrage publié en 1909, « La Société des Nations », la création d’une instance internationale. Cette idée est reprise par le Président américain Wilson dans ses « 14 points » en janvier 1918. Aujourd’hui, de nombreux spécialistes considèrent encore que le concept de communauté internationale reste un vœu pieux : « Il n’y a pas de gouvernance mondiale grâce à laquelle l’intérêt collectif serait arbitré par des décisions non contestées ; on en reste à la somme des intérêts individuels et contradictoires des Etats » (Pascal Boniface, 50 idées reçues sur l’Etat du monde », 2015). Ainsi l’idée de communauté internationale implique celle de gouvernance internationale ou mondiale. Utilisée depuis les années 1990, celle-ci désigne une forme de régulation collective fondée sur les relations entre acteurs publics et privés. Mais, comme la communauté internationale, il s’agit plus d’un objectif à atteindre que d’une réalité. Le géopoliticien français Serge Sur, parle de « fantôme de la gouvernance » (Un monde en miettes, 2010).


Complexe militaro-industriel/lobby militaro-industriel (éco).

Ensemble des industries à usage militaire ainsi que les activités annexes comme la recherche. Tous les grands Etats possèdent un complexe militaro-industriel qui joue un rôle économique important, d’où la des liens importants avec les dirigeants politiques. Exemple : soutien de l’Etat français à Serge Dassault. Lorsqu’il quitte le pouvoir en 1961, le Président Einsenhower évoque une « influence non justifiée du complexe militaro-industriel » (qu’il connait de l’intérieur) ainsi qu’ « accroissement funeste des abus de pouvoir », considérant ainsi que ce lobby porte ombrage à la démocratie.

Conflits/guerres (géopol)
Un conflit est une contestation qui oppose deux ou plusieurs Etats ou d’autres types d’acteurs. On peut observer toute une graduation : d’abord, une situation de relations d’amitiés, puis de différends (territorial, économique ou politique) ; cela peut provoquer des tensions jusqu’à une rupture diplomatique, puis finalement une guerre. Celle-ci est ainsi l’aboutissement de cette rivalité. On différencie de plusieurs manières les conflits : d’abord selon l’échelle, soit infra-étatique  soit inter-étatique ; dans ce cas, le conflit est international, voire mondial. On peut également différencier la gravité du conflit avec, d’une part, les conflits de basse intensité qui restent confinés à un territoire et, d’autre part, les conflits de haute intensité, plus meurtriers et plus dangereux en termes de stabilité internationale. On peut aussi différencier la nature du conflit : idéologique, civile, humanitaire, technologique… Le XXème siècle est marqué par l’intensité des conflits. L’Allemand Erich Ludendorff dans un ouvrage de 1935 parle de « guerre totale ». Ce siècle voit aussi l’essor de guerres asymétriques (que le géopolitologue français Gérard Challiand préfère nommer « guerres irrégulières » (Nouvelles guerres. Etats du monde 2015, septembre 2014) qui opposent deux acteurs inégaux en termes de moyens financiers et technologiques. Le politologue Bertrand Badie, au sujet du rôle croissant des populations dans les conflits, parle de « sociétés guerrières ». On assiste en effet, depuis 1945, à un essor des guerres civiles. Enfin, tout conflit pose la question de sa justification : qu’est-ce qu’une guerre juste ?

Cyberconflit/cyberattaques(géopol)
Opération militaire dans laquelle l’informatique a remplacé les armes conventionnelles. Le terme est dérivé de l’anglo-saxon cyberwar ou cybernetic war. Le phénomène est médiatisé en 2008 lors de la crise géorgienne où l’armée russe a bloqué les communications géorgiennes, mais depuis 2002 les Etats-Unis avaient été la cible d’attaques de grande ampleur baptisées Titan Rain d’origine chinoise.
Exemples de cyberattaques
année
Type de cible
Nom de la cible
2008
Etat
Géorgie
2010
Organisation militaire
OTAN
2011
Firme du secteur militaire
Lockeed Martin
2011
Organisation régionale
Union européenne
2012
Organisation internationale
FMI
2014
Firme
Sony
2015
Média
Arte
Source : Franck Tétart, Grand Atlas 2017, 2016.

Désordre mondial/chaos (géopol)
Par opposition à l’ordre mondial, le désordre mondial est une situation internationale d’incertitudes, marquée par l’absence ou la faiblesse d’un leadership. L’entre-deux-guerres est une phase de désordre, certainement comme aujourd’hui. Le désordre ne correspond pas tout à fait au chaos qui, au sens strict est le premier état de l’univers (grec khaos) ; ainsi la chaos est un désordre grave. Une guerre civile comme la Syrie peut être qualifiée de chaos de par l’absence, parfois apparente, d’autorité. La répétition médiatique des chaînes d’informations en continu et le terrorisme participent au sentiment chaotique que peuvent éprouver les populations.
Voir aussi ordre mondial.

Droit international humanitaire (géopol)
Branche ancienne du droit internationl, le droit international humanitaire vise à atténuer les souffrances des victimes de conflits armés et à protéger les populations civiles. Il complète les droits humains qui s’appliquent en temps de paix et s’impose aux Etats signataires des obligations en temps de guerre. Parfois nommé « droits de la guerre », le DIH distingue soldats et civils. Principalement codifié par le  Comité international de la Croix-Rouge, il comporte en 1949 plusieurs principes clés comme la neutralité, l’interdiction d’armes jugées préjudiciables (comme les gaz) et l’immunité aux combattants.

Droits de l’homme/droits humains (pol et géopol)
Valeurs nées en Europe à partir de la Renaissance (humanisme), puis développées au siècle des Lumières, les droits de l’homme sont liés à l’essor du libéralisme politique donnant à l’individu des devoirs mais aussi des droits qui doivent être respectés par l’etat. Après les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, ils sont adoptés par les Etats fondateurs de l’ONU ; ils deviennent alors un ensemble de régulations internationales visant à protéger les droits de la personne humaine. Les tribunaux de Nuremberg et de Toky ainsi que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 forment donc un tournant international.
Voir droit international humanitaire.


Echelle/diatope (géo)
Terme employé pour parler de la taille d’un phénomène ou bien d’un niveau auquel on l’analyse. On distingue de nombreuses échelles : locale, régionale (à l’intérieur d’un Etats), nationale, régionale (à l’intérieur d’un continent, continentale et mondiale. En géopolitique,  Yves Lacoste considère que l’analyse géopolitique nécessite la juxtaposition de plusieurs échelles, de la grande échelle à des cartes à échelle de plus en plus petite. Il nomme « diatope », la justaposition de ces échelles. Exemple : on ne peur comprendr le problème isaraélo-palestinien sans connaître l’échelle locale (question de l’eau, frontières), l’échelle régionale (soutiens historiques aux Palestiniens comme l’Egypte) et l’échelle mondiale (soutien américain à Israël, attentats palestiniens hors- Moyen-Orient).

Echelles et acteurs spatiaux

ECHELLES
ACTEURS
MONDIALE
       O.I.(ex ONU)
       O.N.G. (ex MSF)
       FTN (ex Wal-Mart)
       Etats puissants (197 reconnus par ONU)
         Diaspora (ex chinoise)
CONTINENTALE
  - Unions com (ex UE ALENA)
  - Unions pol (ex ligue arabe)
NATIONALE
       Les Etats (fonction régalienne)
          Rôle des FMN (80 000) comme employeur
REGIONALE
       Régions (tailles diverses)
       Métropoles (zone d’influence)
         Citoyens/actifs (alter-mondialisme)
LOCALE
       Ville
       Individu (réseaux sociaux)
         Actif/PDG



Émergence (éco et géopol)
Voir pays émergents
Au sens commun du terme, l’émergence désigne le fait de sortir de l’ombre pour apparaître en pleine lumière. C’est la sortie du sous-développement, c’est l’accession au développement. Depuis la fin des années 1990, les analystes financiers utilisent cette notion pour désigner les pays à fort potentiel de croissance où il est bon d’investir. L’émergence est une notion nouvelle appliquée à une réalité ancienne. Mais l’émergence n’est pas seulement économique, elle est aussi sociale, politique et géopolitique : elle se traduit par une plus grande influence dans les relations internationales. L’émergence se caractérise par sa pluralité de domaines de développement, la diversité de ses degrés d’émergence et ses différentes stratégies.




Etat (pol)

L’Etat est un système politique institutionnalisé (dépersonnalisation des institutions) et territorialisé (un territoire dont les frontières marquent les limites de sa compétence) qui prétend à la souveraineté et se doit d’assurer la sécurité à sa population. En droit international public, l’Etat se définit par une population qui vit dans des frontières sous l’autorité d’un pouvoir politique. Trois formes d’Etat existent : l’empire à caractère universaliste, l’Etat-nation qui relie fortement un peuple uni et l’Etat et la cité-Etat.
Citation :
« L’Etat est une entité territoriale, inscrite dans des limites précises (frontières) ; il a la charge de la population habitant ce territoire ; sur ce territoire, il est souverain. » (Philippe Moreau-Defarges, La mondialisation, 2016.
Voir aussi empire et Etat-nation

Etat-nation (pol)
Etat correspondant à une nation souveraine et homogène. Certaines nations n’ont pas encore d’Etat comme les Kurdes ou les Palestiniens.
Citations :
« L’Etat est l’organisme vivant rassemblant un peuple sur un sol, le caractère de cet Etat se nourrissant de ce peuple et de de sol » Friedrich Ratzel, La géographie politique, 1897.
« Aujourd’hui, l’État nation est devenu trop petit pour les grands problèmes, et trop grand pour les petits problèmes », Daniel Bell, Les Contradictions culturelles du capitalisme, 1976.
« Ce n’est pas la mondialisation qui dissout les nations, mais l’autodissolution des nations qui produit la mondialisation », Emmanuel Todd, L’Illusion économique, 1998.

Etat effondré, failli ou manqué (pol)
Etat incapable d’assurer la sécurité de sa population et le contrôle de son territoire. Le pays se trouve dans une situation de non-gouvernement génératrice de violence, parfois amenant à l’éclatement du pays comme en Somalie à partir des années 1990

« Fin de l’histoire » de Fukuyama (cult)
Formule empruntée à Hégel et Marx désignant une époque qui n’engendre plus de nouvelles formes sociales originales. En 1991, au moment de l’effondrement de l’URSS, l’Américain Francis Fukuyama relance le thème en annonçant la fin des idéologies et de sguerres, un monde uni par les échanges et l’avènement d’une ère démocratique. Même si la prophétie n’a guère convaincue, elle annonce bien une nouvelle mondialisation et l’affirmation de l’hégémonie étatsunienne dans un monde libéral.

Firme multinationale ou FMN/firme transnationale ou FTN/ firme globale (éco)
Au sens strict, une firme multinationale est une entreprise qui possède au moins une unité de production à l’étranger. C’est donc en réalisant des IDE qu’une firme se « multinationalise ». Seule la logique de production compte. Ainsi, une entreprise qui ne vendrait qu’à l’étranger tout en produisant exclusivement sur son territoire national ne serait pas une FMN. Au départ les firmes sont domestiques, ce qui signifie que leur activité principale est liée à leur marché d’origine. Fin XIXème, avec l’internationalisation, elles deviennent multidomestiques, c’est à dire liées à plusieurs marchés de consommation. Elles continuent toutefois à produire dans leur pays d’origine. Une firme multinationale possède une unité de production, au moins, à l’étranger. C’est en réalisant des investissements directs à l’étranger (I.D.E.) qu’une firme se « multinationalise ». La logique de production est la seule qui compte. Une entreprise qui vend exclusivement à l’étranger en ne produisant que sur son territoire national n’est pas une firme multinationale La dernière mondialisation a généralisé la sous-traitance (firmes-réseaux) et fait éclore des firmes intégrées : la chaîne de valeur des activités est dispersée sur plusieurs pays, mais intégrée par la logique productrice et capitaliste de la Maison-mère (firme globale).



Frontière (géo, éco et pol)

Au sens strict, la frontière ets une ligne qui délimite la souveraineté d’un Etat. Mais la frontière est aussi économique (les économistes parlent de talus économique), démographique (colons envoyés ou volontaires pour maîtriser un espace périphérique) ou politique (mur de Trump). Le géographe français y donne même un sens moral : « la négation de l’autre ». La frontière correspond surtout à deux éléments différents : la frontière, la bordure est en effet la limite évoquée plus haut, mais il existe un autre aspect qui est le front pionnier, qui est une frontière mouvante d’occupation que l’on repousse au fur et à mesure de l’avancée des colons.
Voir aussi Etat

G7/G8 (géopol)
Sommet des pays les plus riches de la planète avec Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et, depuis 1998, Russie). Lancé en 1975 par le Président français Valéry Giscard d’Estaing pour permettre des discussions entre chefs d’Etat au moment du premier choc pétrolier, ces sommets traitent des problèmes mondiaux.
Voir aussi Davos.

G20 (géopol)
Le G20 a été créé en décembre 1999 en réponse aux crises financières qui ont frappé les pays émergents à la fin des années 1990. Il s’agissait à l’origine de réunir une fois par an les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des pays industrialisés et des pays émergents pour faciliter la concertation internationale en matière économique. Confronté à la plus grave crise économique et financière depuis la SGM, le G20 s’est transformé fin 2008, sous l’impulsion de la France, alors présidente en exercice de l’UE, en instance de pilotage économique, réunissant au plus haut niveau les grands responsables publics. Lors du sommet fondateur de Washington de novembre 2008, les chefs d’État et de gouvernement se sont mis d’accord sur un plan d’action exceptionnel pour éviter l’effondrement du système financier et de l’économie mondiale. Depuis, le G20 s’est réuni régulièrement. Il représente 85 % de l’économie mondiale et les deux tiers de la population mondiale. Il est composé de l’Afrique du Sud, de l’Allemagne, de l’Arabie Saoudite, de l’Argentine, de l’Australie, du Brésil, du Canada, de la Chine, de la Corée du Sud, des États-Unis, de la France, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Italie, du Japon, du Mexique, du RoyaumeUni, de la Russie, de la Turquie et de l’Union européenne.
Voir PIB (avec liste des 40 premiers Etats).

G 77 (géopol)
Le groupe des 77 est aux Nations unies une coalition de pays en développement, conçue pour promouvoir les intérêts économiques collectifs de ses membres et leur donner une capacité de négociation accrue. Créée par 77 pays, l’organisation a grandi et compte actuellement 133 pays membres. Néanmoins, elle continue à être désignée comme le G77 dans les négociations et sessions de l’ONU.

Géohistoire (géo et hist)

Etude géographique des processus historiques. En France, un des principaux représentants est Christian Grataloup.

Géoéconomie  (géopol)
La géoéconomie est l’analyse des stratégies économiques mises en place par les États dans le cadre de la défense ou de l’aide au développement de leurs entreprises nationales face à la concurrence mondiale exacerbée par la mondialisation. Concept développé aux Etats-Unis par Edward Luttwak, il est défendu en France par Pascal Lorot qui fonde la revue « Géoéconomie » en 1997. On observe deux grands types de stratégies des Etats : soit défensive (protectionisme), soit offensive (espionnage). La géoéconomie analyse ainsi les politiques de deux acteurs spatiaux clés, les Etats et les firmes. Cette nouvelle discipline est le reflet de l’évolution des relations internationales post-Guerre froide, marquée par le déclin des idéologies et la priorité donnée par les Etats à l’économie.

Géopolitique (géopol)
On assiste après la Seconde Guerre mondiale à une occultation de la géopolitique pour trois raisons : déconsidération due aux liens avec le nazisme, domination des idéologies qui s’opposent, dépassement de la géographie liée aux capacités nucléaires désormais mondiales. Les E.U. sont le seul pays où l’influence de la géopolitique perdure : le concept de Heartland de Mackinder reste une grille de compréhension de la guerre froide.  La géopolitique renaît au milieu des années 1970, avec deux ouvrages. Celui du Français Yves Lacoste La Géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre, (1976) et celui de l’Américain Colin Gray The geopolitics of nuclear Era  (1977). La chute de l’U.R.S.S., le déclin des idéologies et la fragmentation du tiers-monde redonnent à la géopolitique tout son sens. L’apport majeur de Lacoste est de trois ordres. D’abord, il est à l’origine d’un tournant au sein de la géographie universitaire qui se consacre désormais davantage à une réflexion sur ses méthodes ainsi qu’à la redécouverte des anciens géographes (d’où le nom de sa revue Hérodote, fondée en 1976). Ensuite, il insiste sur le poids des représentations. Pour comprendre une situation géopolitique, des « rivalités de pouvoirs sur un territoire » (définition de la géopolitique pour Lacoste), il faut analyser toutes les représentations. Pour une nation, la perte d’un territoire peut contenir une valeur symbolique forte. Lacoste consacre de nombreux numéros de sa revue à des questions nationales. La géopolitique lacostienne met l’accent sur la nécessité d’adopter un point de vue multi-scalaire dans l’analyse des situations. La guerre en Syrie par exemple, peut être vue comme une guerre communautaire (échelle nationale), une des manifestations du grand affrontement entre chiites et sunnites (échelle régionale) ou comme un des enjeux du bras de fer russo-états-unien (échelle mondiale). Yves Lacoste utilise un type de représentation graphique original qu’il nomme « diatope ». Enfin, il parle de « géopolitique interne » pour montrer que les rivalités des acteurs spatiaux peuvent également être de la géopolitique.Succedant à Yves Lacoste à la tête d’Hérodote, Béatrice Gillin joue un rôle important dans l’essor de la géopolitique interne.

Géostratégie (géopol)

Géopolitique orientée vers l’action, soit économique, soit militaire. Elle comporte un volet prospectif.
Voir prospective.

Gouvernance/gouvernance globale (éco et géopol)
Née au sein de l’entreprise pour améliorer les relations entre actionnaires et managers, la gouvernance est une forme de régulation collective. Ensuite, l’expression a été utilisée pour les relations internationales pour souligner l’essor d’acteurs non étatiques tels que les organisations non gouvernementales. Dans les institutions financières, bonne gouvernance signifie une gestion rigoureuse des budgets. Le rapport Gouvernance mondiale (2002) rédigé en 2002 par Pierre Jacquet, Jean Pisani -Ferry et Laurence Tubiana dans le cadre du Conseil d’analyse économique offre une définition de la gouvernance mondiale et une typologie des formes qu’elle peut prendre. Dans un monde composé d’États nations, et donc fragmenté politiquement, la gouvernance mondiale consiste donc à « gouverner sans gouvernement ». Cette gouvernance mondiale peut prendre quatre configurations, qui s’articulent autour de deux axes : le degré d’intégration de l’économie mondiale (de la diversité jusqu’à l’homogénéité parfaite) ; le degré de solidarité qui relie ses acteurs (de l’égoïsme jusqu’au sentiment d’appartenance communautaire).
Lorsque les États nations coopèrent dans l’intérêt général, ils conservent leur souveraineté (diversité) et agissent pour le bien commun (communauté). Ce modèle de gouvernance est celui du multilatéralisme commercial. Ce concept naît au siècle des Lumières, il fait de l’État-nation le support de la citoyenneté et du choix politique, et de la raison la procédure qui permet d’atteindre le bien-être de tous (au détriment de personne). À l’inverse, le souverainisme fait de la défense des intérêts nationaux, l’objectif premier des relations internationales. En matière commerciale, cette forme de gouvernance s’observe avec les « égoïsmes sacrés » des années 1930 par exemple. Ces deux premières formes de gouvernance s’appuient sur l’expression d’une diversité des choix politiques nationaux. L’hégémonisme correspond à la situation où un seul État nation impose ses choix aux autres (homogénéité). Cette situation correspond par exemple à la domination anglaise du xixe siècle ou à celle des États-Unis après 1945. En matière de régime monétaire international, on notera cependant que la position hégémonique d’une nation doit la conduire à aussi supporter des coûts : par exemple, la fin du SMI de Bretton Woods est provoquée par le choix de la politique monétaire américaine à ne pas limiter la création de monnaie (le dilemme de Triffin). Le fédéralisme conjugue cette fois l’intérêt général (communauté) et l’existence d’un choix politique construit au niveau mondial (et non plus national). Il se rapproche de l’idée d’un « gouvernement » mondial. Il faut enfin noter que la gouvernance prend plusieurs formes : financières avec le G20 ou le SMI, judiciaire avec la CPI…
Citation :
« Loin d’être systématiquement en opposition (les États contre les marchés, les ONG contre le pouvoir des firmes, etc.), ces différents acteurs sont liés, engagés dans une négociation permanente ». Agnès Bénassy-Quéré, Christian Chavagneux, Éloi Laurent, Dominique Pilhon, Michel Rainelli, Jean-Pierre Warnier, Les Enjeux de la mondialisation, 2013
Voir aussi régulation internationale et communauté internationale.

« Grand jeu » (géopol)
Expression désignant la rivalité russo-britannique au carrefour des empires en Asie centrale. On parle aujourd’hui de « nouveau Grand Jeu » pour cette région charnière soumise à de nombreuses convoitises. Parfois, l’expression est utilisée pour évoquée une rivalité ancienne réactivée.

Guerre économique (éco et géopol)

Dans La guerre économique (2009), Jean-Marc Huissoud et Frédéric Munier ont mis en perspective le concept de guerre économique qui apparaît de manière récurrente lors des guerres et des crises, dont la dernière de 2007-2008, crise dite des subprimes. Aujourd’hui, on parle aussi de guerre de monnaies pour évoquer le maintien de certaines monnaies à un niveau bas (yuan) afin de donner de la compétitivité face à des économies dont la monnaie se réévalue (euro, yen). Pendant la Guerre froide, l’embargo céréalier des Etats-Unis à l’encontre de l’U.R.S.S. est une forme de guerre économique. C’est en effet en 1971 que le Français Bernard Esambert, conseiller du Président Pompidou et auteur de La guerre économique mondiale (1991), énonce le concept de guerre économique. Celui-ci est à relier au le terme de « géoéconomie » énoncé par l’Américain Edward Luttwak (Le rêve américain en danger, 1995). Il définit alors la géoéconomie comme « la logique conflictuelle, traduite en termes commerciaux ». Il faut d’abord différencier le terme avec celui d’économie de guerre qui désigne l’ensemble des moyens mis en place par les Etats pour financer et produire un conflit. La guerre économique est plus complexe et comporte trois acceptions différentes. Elle peut d’abord être une modalité de la guerre comme l’embargo déjà cité. Dans un second sens plus large, il s’agit d’une forme atténuée de « hard power » par l’utilisation de moyens pour défendre ses parts de marché et accroître sa puissance. Enfin, le dernier usage du terme est extensif et peut être assimilée à une concurrence exacerbée. Colbert affirme ainsi que « les compagnies de commerce sont les armes du roi et les manufactures sont ses réserves ». Le protectionnisme et l’impérialisme sont les deux grandes politiques de guerre économique des Etats. Face à la crise, R.U. et France réorientent leur commerce vers leurs empires. Les régimes totalitaires développent des politiques visant à l’autarcie. Ainsi, les années 1930 se caractérisent par l’émergence et l’opposition de blocs commerciaux et monétaires. Au final, toutes les périodes sont marquées par la guerre économique qui est, selon Huissoud, et Munier « règle plus qu’exception ». Pascal Gauchon titre ainsi dans un hors-série de la revue Conflits : « Nous sommes en guerre économique » (Hors-série n°1, hiver 2014).

Heartland », concept de Halford Mackinder (géopol)
Géographe britannique de terrain, Mackinder élabore des manuels scolaires, puis poursuit des recherches géopolitiques originales qui l’amènent à montrer qu’une région de la planète, qu’il nomme « Heartland », est la clé de la domination mondiale. Au lendemain de la P.G.M., alors que la Russie bascule dans le communisme et que l’Europe se redécoupe, il montre dans son ouvrage Les idéaux démocratiques et la réalité, (1919), un monde découpé en trois parties : l’Océan, l’île-monde « world-ocean » qui correspond à l’Europe, l’Asie et l’Afrique et les îles artificielles de l’île-monde (G.B., Amérique, Japon et Australie). Mackinder considère que l’île-monde, soit à peu près l’Eurasie, est le pivot central du monde et qu’elle possède elle-même un cœur stratégique, le « Heartland ». Celui-ci se confond avec la Russie, dont l’immensité et les ressources lui donnnent un potentiel immense. Ce « Heartland » est bordé par les « Coastlands » qui le ceinturent et lui donnnent accès à l’Océan mondial. Ces « Costlands » sont l’Europe occidentale, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et de l’Est : elles forment le croissant intérieur ou marginal. Pour Mackinder, tous les conflits peuvent s’expliquer par les frictions entre ce pivot et ses bordures. Et tout pourrait être déséquilibré si un jour l’Allemagne et la Russie devaient s’unir. Héritier des angoisses historiques anglaises, il redoute toute émergence d’un pouvoir hégémonique continental européen. « Qui tient l’Europe orientale contrôle le Heartland, qui tient le Heartland contrôle l’île mondiale, qui tient l’île mondiale contrôle le monde ». Mackinder prend ici le contre-pied de l’adage du navigateur anglais de l’époque élisabéthaine, Sir Walter Raleigh, qui affirmait  : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce du monde tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ». Dans les années 1920, au moment où la puissance britannique s’essouffle, Mackinder met en garde contre le rapprochement entre Moscou et Berlin. Il appuie la politique de « cordon sanitaire » en Europe orientale et prône l’alliance avec la France et les Etats-Unis. En 1943, Mackinder remet à jour sa théorie du pivot dans l’article The Round World (paru dans la revue Foreign Affairs) en montrant que l’alliance entre les E.U. et la G.B, puissances maritimes, et la France, tête de pont sur les Coastlands, pourrait contenir la puissance du Heartland dans le futur. Le nouveau concept de Midland Ocean (l’Océan Atlantique), lui permet se symboliser cette union transatlantique.

Identité (cult et pol)

Notion plurielle assez subjective et souvent instrumentalisée. Aucune identité n’est naturelle ; aussi, il est préférable de parler de construction identitaire. En effet, chaque individu ou groupe élabore des représentations qui évoluent avec l’interaction avec les autres individus ou groupes.


Ingérence/droit d’ingérence humanitaire (géopol)
Intervention dans les affaires d’un Etat, sans son consentement, au mépris du principe de souveraineté. L’ingérence peut être politique, économique, culturelle, religieuse et même humanitaire. Dans un ouvrage sorti en 2016, Rony Brauman (co-fondateur de MSF) parle de « diplomatie de l’ingérence » ; en 2011, l’intervention franco-britannique en Libye est un exemple qu’il condamne fortement. En effet, l’ingérence humanitaire est apparue avec la création de Médecins sans frontières. Les ONG revendiquent un droit d’ingérence et de témoignage lorsque les droits de l’hommes peur paraissent violés. Depuis la résolution 43/131 (en 1998) de l’Assemblée générale des NU autorisant l’accès aux victimes pour les ONG, le Conseil de Sécurité n’a cessé d’élargir cette brèche juridique.
Missions de paix de l’O.N.U. (géopol)

Opérations internationales non coercitives des N.U. réalisées par des contingents nationaux volontaires, décidées par le Conseil de sécurité ou l’Assemblée Générale et financées par l’O.N.U. ou des Etats volontaires. Il existe quatre grands types de missions :
1/ maintien de la paix : interposition entre des belligérants (avec leur accord) sur la base d’un cessez-le-feu dont la mission assure la surveillance. Exemples : UNMOGIP au Cachemire, groupe d’observateurs des N.U. en Inde et au Pakistan.
2/ Imposition de la paix : intervention militaire (menée par un ou plusieurs Etats) autorisée par l’O.N.U. contre un Etat « fautif ». Exemple : ONUSOM, Opération des N.U. en Somalie de 1993-94.
3/ Consolidation de la paix : objectif de contribuer au renforcement des bases d’accord existants. Les contingents des N.U. peuvent être accompagnés par une force de sécurité sous commandement étatique ou multilatérale, autorisée à utiliser la force. Il s’agit souvent de désarmer des forces militaires. Exemple : APRONUC,  Autorité des N.U. au Cambodge en 1992-93.
4/ Rétablissement de la paix : négociations de paix organisées par l’O.N.U. souvent en liaison avec les O.N.G. et les organisations régionales.
D’autres missions existent comme celles de reconstruire un Etat défaillant en coopération des O.N.G. (Sierra Leone) ou de lutte contre le terrorisme (années 2000).

Monde (pol)
Dans une conception géohistorique de la mondialisation, il est usuel de faire prendre racine au processus de mondialisation actuelle vers -12000, à la révolution néolithique. Pour diverses raisons (climatiques par exemple) l’Homo sapiens quitte ses foyers initiaux de peuplement et part à la conquête de la terre. Au gré des siècles et des millénaires, ces zones de peuplement vont se couper, évoluer dans des mondes différents, parfois en relation (Europe/Asie), parfois en parallèle et en ignorance totale comme l’Europe et l’Amérique jusqu’en 1492. Le Monde avec un M majuscule correspond à la situation actuelle de cette évolution, celle qui a vu au cours de l’histoire la rencontre et les échanges de tous les groupes humains sur la planète donnant ainsi naissance à « un espace social d’échelle planétaire » (Michel Lussault, L’avènement du monde, 2013) dans lequel ces groupes ont conscience de leur existence commune sur la planète Terre. Le Monde avec un M majuscule correspond donc à cette vison d’une Humanité une, indivisible, dont l’échelle spatiale commune est actuellement celle de la planète. Christian Grataloup y a consacré plusieurs ouvrages.
Citation :
« Entre l’exaltation des particularismes, source de conflits, comme le furent les nationalismes européens du début du xxe siècle, et la “disneylandisation” du monde, deux processus simultanément à l’œuvre, il y a place pour un monde global. On peut l’appeler le Monde, avec une majuscule, car il représente depuis quelques siècles un être unique, appelé par un toponyme, comme l’Afrique ou la Bretagne, c’est-à-dire un nom propre », Christian Grataloup, Géohistoire de la mondialisation, 2007.

Mondialisation/ (éco)
Le terme mondialisation date des années 1960. Son sens est multiple selon les disciplines. Ainsi les économistes y voient l’édification d’un marché mondial ou bien les sociologues celle d’une société-monde. Les historiens considèrent qu’elle se met en place progressivement à partir de la Renaissance et des Grandes Découvertes, voire avant. Le géographe français Laurent Carroué (s’appuyant sur les travaux géohistoriques de Fernand Braudel, Immanuel Wallerstein et Paul Bairoch) définit la mondialisation comme « le processus historique d’extension progressive du système capitaliste dans l’espace géographique mondial ». Le terme anglo-saxon de « globalization » concerne plutôt les effets de la mondialisation, soit les « phénomènes d’interaction entre les milieux naturels et les actions humaines qui affectent le fonctionnement du globe terrestre et qui exigent donc des réponses globales et coordonnées à l’échelle planétaire ». Ainsi la mondialisation implique une internationalisation, dynamique des relations internationales, et une universalisation, soit « l’essor de nouvelles problématiques dans les champs politiques, juridiques ou sociétaux qui intéressent l’ensemble des civilisations humaines. ». Au final, on peut différencier quatre grandes étapes : d’une part les débuts de la mondialisation (Grandes découvertes), la première mondialisation nommée par les économistes internationalisation et par Suzan Berger « notre première mondialisation » du début de la seconde révolution industrielle, vers 1870 à 1914 ; ensuite, on assiste à un repli économique (protectionisme) et idéologique (communisme en URSS), adopté par des pays majeurs après 1945 (Chine, Inde). Il faut attendre les  années 1971 pour le commerce international retrouve son niveau d’avant 1929, mais l’accélération des flux est rapide. On parle alors de globalisation.
Citations :
« Du point de vue du commerce, le monde entier n’est qu’une seule nation ou un seul peuple, à l’intérieur duquel les nations sont comme des personnes », Sir Dudley North, Discourses upon Trades, 1691.
« Pour comprendre les mondialisations, celles d’hier et celle d’aujourd’hui, rien ne vaut l’examen d’un morceau de tissu. Sans doute parce qu’il n’est fait que de fils et de liens, et des voyages de la navette », Éric Orsenna, Voyage au pays du coton. Petit précis de la mondialisation, 2006


Multilatéralisme (géopol)

Forme de coopération fondée sur la participation d’acteurs étatiques visant à mettre en œuvre des objectifs communs. Au niveau géographique, il peut être régional (CEE), continentale (UE) ou universel (ONU). Cette coopération est parfois portée par une puissance hégémonique comme les Etats-Unis après 1945.
Voir aussi gouvernance, multipolarité, organisation internationale et ordre mondial.

Multipolarité (géopol)
La multipolarité est de plus en plus évoquée pour caractériser le monde après 2001. Elle suppose l’existence de plusieurs pôles économiques et géopolitiques. Le géographe français Michel Foucher préfère parler d’une monde polycentrique pour illustrer l’existence de ces pôles sans objectifs communs.

Nationalisme (pol)

Doctrine, mouvement politique qui revendique pour une nationalité le droit de former une nation. En ce sens, le XIXème est le siècle des nationalités, aboutissant aux unités allemande et italienne, mais aussi à la Première Guerre mondiale. Une fois celle-ci formé, le plus souvent dans le cadre d’un Etat-nation, le nationalisme est l’exaltation, l’attachement à la nation ou bien à son territoire (patriotisme). Après 1945, l’essor d’organisations régionales et internationales ainsi que la mondialisation semblent affaiblir le nationalisme en Occident. Ailleurs, avec la décolonisation et l’élaboration de nouveaux Etats-nations, il est très vivant. Aujourd’hui, partout, face à la peur d’une uniformisation culturelle et aux migrations liée à la mondialisation, on assiste à un renouveau identité, soit national, soit religieux.

Occident (géo, hist, pol et géopol)
Le verbe latin occidere signifie se coucher, tomber, qui s’oppose à orior, naître. Avant d’avoir un sens culturel, l’Occident est l’Ouest. Georges Corm évoque une « mégaidentité » liée à cinq événements fondateurs : l’invention de la cité des sciences par les Grecs, l’invention du droit et de la propriété privée par les Romains, la révolution morale du christianisme, la synthèse papale des vi-xiiie siècles et la promotion de la démocratie libérale à partir du xviiie siècle. Mais aujourd’hui, où s’arrête l’Occident ? Dans L’Histoire de l’Occident (2016), Christian Grateloup s’interroge : la limite Nord-Sud dressée par Brandt en 1970 intègre le Japon et la Russie ; sont-ils occidentaux ? Alain Rouquié qualifie aussi l’Amérique latine d’« extrême Occident » en 1998.
Citation :
« La démondialisation qui s’amorce est en réalité une désoccidentalisation de la mondialisation […]. Nous assistons à la perte du monopole occidental de la mondialisation. D’où ce sentiment de malaise en Occident, le sentiment d’un déclin qu’on ne maîtrise pas du tout ». Michel Foucher, « Un monde démondialisé, c’est un monde en guerre », 2017.

Ordre international ou mondial/système international ou mondial (géopol)

Du Congrès de Vienne (1815) jusqu’à la SGM, le système mondial était organisé autour de quelques grandes puissances. Les guerres étaient le moment de remise en ordre des rapports de force et des territoires des puissances. L’idée d’un ordre ou système international correspond à une structuration de la scène internationale, présentant comme caractéristiques principales la reconnaissance mutuelle de la souveraineté et des frontières des Etats (facteur de sécurité ou parfois de rivalité), dans un contexte d’inégalité de la puissance où les Etats les plus forts s’appuient sur des alliances et des valeurs plus ou moins universelles. Après 1945, les puissances dominantes se réduisent à deux « superpuissances » et le monde devient bipolaire jusqu’en 1991. Ainsi, un ordre mondial implique une hiérarchie des puissances et des valeurs défendues par les leaders pour justifier leur influence sur le reste du monde. Chaque période d’instabilité correspond à un nouvel équilibre des puissances, ce qui favorise un changement. Fin XIXème, la montée de l’Allemagne est mal vécue par le R.U. et la France, d’où une forte instabilité politique et militaire entre 1914 et 1945. D’abord utilisée par un romancier britannique, l’expression ordre mondial est reprise en 1990 par George Bush (Président de 1989 à 1993). En 1991, le Président américain Bush évoque l’idée de nouvel ordre mondial en évoquant la nouvelle situation internationale post-guerre froide. Au final, le système international est lié à un rapport de forces entre les grandes puissances au niveau géoéconomique, idéologique et géopolitique.

Organisation des Nations Unies ou ONU (géopol)
Créée en 1945 afin de remplacer la Société des Nations, l’ONU est par excellence l’organisation généraliste à vocation universelle. Si 51 Etats ont signé la charte de San Francisco le 26 juin 1945, l’organisation compte aujourd’hui 193 membres, le dernier Etat admis étant le Sud-Soudan en 2011. L’objectif de l’ONU est double : le maintien de la paix et le développement. Le premier objectif a été bloqué pendant la Guerre froide. Dotée de 5 organes principaux, l’Onu s’appuie sur une myriade d’organismes qui lui sont rattachés. Si la fin de la Guerre froide lui redonne une vitalité avec, par exemple, l’envoi d’environ 100 000 casques bleus, l’Onu est confronté à un problème de légitimité dans la mesure où il reste dominé par les cinq vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale qui sont membres permanents du Conseil de sécurité avec droit de veto. La refonte du fonctionnement 

Organisation internationale ou organisation intergouvernementales ou OIG (géopol)
Aussi appelée organisation intergouvernementale, c’est un ensemble structuré où des participants de différents Etats coordonnent leur action, à l’échelle internationale (ex : ONU) ou régionale (ex : Union européenne). Le plus souvent, une OI procède d’un acte fondateur (charte, traité) et s’inscrit dans des institutions (secrétariat). Ce sont des associations d’Etats, généralement fondées par des traités de droit international.

Organisation non gouvernementale ou ONG (géopol)
Association formée par des particuliers en vue de réaliser des objectifs non lucratifs. Elle défend des valeurs et des convictions et non des intérêts. Développée au XVIIIème siècle avec, par exemple, des associations anti-esclavagistes comme la The National Colonization Society of America, « la société nationale d'Amérique de colonisation »), pour y installer des esclaves (qui vont aider à former l’Etat du Libéria en 1847), au XIXème siècle la Croix-Rouge, fondée par Henri Dunant en 1863, devient la principale ONG. Après 1945, on assiste à leur essor considérable ainsi qu’à leur diversification.
Au fond, les ONG tentent de pallier les carences des Etats et des institutions internationales.

Partenaire (géopol)
De l’anglais partner ; pays (ou autre acteur spatial comme une firme) avec lequel on tisse des relations. Le terme est polysémique et graduel. On sens strict, il s’agit d’un allié, mais aujourd’hui il est plutôt utilisé pour évoquer des relations d’égal en égal à l’image du partenariat Union européenne-Russie signé en 1997. Ici, il s’agit bien d’un accord, mais pas d’une alliance approfondie. Le partenariat concerne aussi l’économie dans la mesure où les échanges créent des interdépendances entre les Etats. Ainsi, Etats-Unis et Chine sont très liés aux niveaux commercial et financier qui obligent leurs dirigeants à engager de manière régulière des rencontres.

Pays émergents/émergence (éco)
Les pays émergents sont des économies qui disposent d’un PIB par habitant inférieur au seuil retenu par la Banque mondiale pour caractériser les pays hauts revenus (12 476 dollars par habitant en 2016), mais qui connaissent une forte croissance rapide, s’appuyant sur une progression rapide de leurs exportations de biens et services. En Asie, par exemple, la Chine et l’Inde sont des économies émergentes, tout comme le Brésil en Amérique du Sud et l’Afrique du Sud en Afrique. Au sens commun du terme, l’émergence désigne le fait de sortir de l’ombre pour apparaître en pleine lumière. C’est la sortie du sous-développement, c’est l’accession au développement. Depuis la fin des années 1990, les analystes financiers utilisent cette notion pour désigner les pays à fort potentiel de croissance où il est bon d’investir. L’émergence est une notion nouvelle appliquée à une réalité ancienne. Mais l’émergence n’est pas seulement économique, elle est aussi sociale, politique et géopolitique : elle se traduit par une plus grande influence dans les relations internationales. L’émergence se caractérise par sa pluralité de domaines de développement, la diversité de ses degrés d’émergence et ses différentes stratégies.

Pays moins avancés ou PMA (éco et géopol) 
Pays les moins avancés (PMA) : appellation donnée par les Nations unies en 1971 aux pays considérés comme les plus pauvres de la planète. Ceux-ci constituent un groupe composé par inscription volontaire selon des critères démographiques (population inférieure à 75 millions d’habitants), économiques et sociaux (IDH faible, RNB par habitant. inférieur à 900 dollars par an, vulnérabilité à la conjoncture économique internationale, etc.).

Prospective/scénarios (géopol)
Ensemble de recherches concernant l’évolution future des sociétés et permettant de dégager des éléments de prévision. Certains organismes comme l’ONU ou des géopoliticiens publient souvent des données ou des ouvrages de prospective où ils décrivent certains scenarios. C’est le cas, par exemple, de Pascal Boniface et Hubert Védrine dans leurs ouvrages « Atlas global » et « Atlas des crises et conflits ». Exemple, pour la crise ukrainienne, trois scénarios possibles : scénario 1, respect des accords de Minsk, paix et autonomie des territoires russophones de l’est ; scénario 2, pas d’application des accords, désengagement occidental et indépendance de facto de l’est ; scénario 3, reprise du conflit entre Kiev et Moscou avecs des effets incalculables.

Puissance par Joseph Nye (géopol)
Universitaire américain, spécialiste des relations internationales, Joseph Nye a été sous-Secrétaire d’Etat de Carter, puis Secrétaire adjoint à la Défense sous Clinton. Son livre Bound to lead (1990) est une réponse à la vision décliniste de l’historien britannique Paul Kennedy Naissance et déclin des grandes puissances de 1500 à nos jours (1988). Nye montre que la mondialisation nécessite de changer les grilles de lecture de la puissance qui est devenue moins coercitive et moins tangible. Nye parle de puissance de cooptation (« co-aptive power ») qui consiste à coaliser les autres pays de leur plein gré : « obtenir des autres qu’ils veuillent la même chose que vous ». Il s’agit donc de l’attractivité exercée par le modèle dont on est l’incarnation. Elle s’oppose à la puissance dure (« hard power »), c’est-à-dire la puissance militaire et économique d’un pays. La puissance douce (« soft power ») prépare le terrain à la puissance de cooptation. Les E.U. peuvent ainsi échapper au déclin par leur influence considérable. Dans son livre de 2001 « Paradoxe de la puissance américaine », Nye distingue trois sources de soft power : l’attractivité des valeurs politiques, la perception de la politique étrangère et le rayonnement culturel. Pour optimiser sa puissance, un Etat doit œuvrer à faire concorder les objectifs de son soft et hard power. La combinaison harmonieuse des deux est nommée « puissance intelligente » (smart power), notion forgée par Suzanne Nossel en 2004, qu’elle développe dans son livre de 2011 « Le futur de la puissance ». Ce qui fait l’efficacité d’une puissance n’est pas tant sa quantité que la qualité du dosage entre sa dimension soft et hard. Cela demande un équilibre intelligent. En ce sens, l’invasion de l’Irak en 2003 est une grave erreur. Trop exhiber sa force affaiblit sa capacité de séduction. Les thèses de Nye arrivent à Pékin sous le nom de huayuquan (« puissance du discours »). Elu en 2009, Obama s’inscrit d’emblée dans les idées de Nye à l’image de son discours du Caire pour réconcilier les E.U. avec le monde musulman.


Puissance mondialisée (géopol)
Expression utilisée par Bertrand Badie pour montrer que la mondialisation implique un changement de statut pour la puissance. L’interdépendance économique donne plus d’importance à la technologie et à la capacité d’influence via les nouveaux acteurs non étatiques (réseaux sociaux, ONG, think tank…). Badie prolonge le concept de « smart power » de Nye et parle de puissance médiatrice dans le cadre d’une scène internationale de plus en plus multilatérale.
Citation :
« Nul doute qu’une puissance mondialisée est plus qu’une puissance mondiale. Du temps de la bipolarité, celle-ci découlait des capacités hégémoniques des deux Grands. Aujourd’hui, la mondialisation se construit aussi par le bas, sous l’effet de dynamiques issues de la pluralité des cultures et de l’entrecroisement de sociétés profondément inégales », Bertrand Badie, Puissances d’hier et de demain. L’État du monde 2014, 2013.

« Realpolitik » (géopol)
Terme forgé par Bismarck pour définir une politique étrangère pragmatique, par opposition à un politique idéaliste. Exemple : « Ostpolitik » de Willy Brandt qui implique le constat de la division de l’Allemagne et consiste à engager un dialogue avec les autorités est-allemandes. Aujourd’hui, les liens entre la France et l’Arabie Saoudite est une forme de réalpolitik en raison des intérêts économiques qui constraste avec les critiques du Canada envers les Saoudiens au sujet des droits de l’homme.

Régulation/régulation internationale (éco, pol et géopol)
Ensemble de processus juridiques et politiques visant, au sein d’un Etat, à maintenir un ordre économique ou politique ; au niveau mondial, la régulation correspond à l’élaboration d’une communauté internationale. La mondialisation a impliqué une dérégulation néolibérale qui a partiellement affaible les Etats.

Ressources (éco)
Les ressources sont les matières premières minières minérales, énergétiques, hydriques et agricoles, indispensables à la croissance économique et au développement. Les réserves de matières premières sont des ressources identifiées, localisées, explorées ou susceptibles d’être exploitées. Les réserves bases sont des ressources identifiées mais non exploitées, par exemple pour des raisons géopolitiques ou économiques.

Rimland (géopol)
Au terme de heartland, le politiste américain Spkyman (1893-1943) ajoute celui de rimland ou marge. Entre les territoires du heartland, contrôlés par la principale puissance continentale et les espaces maritimes, se situe une bande de pays intermédiaires, le rimland dont la possession est décisive pour la domination du ùonde. L’Europe occidentale, le Proche-Orient, le monde turco-iranien, l’Asie orientale en font parties.
Voir aussi heartland et géopolitique.

Rivalités (géopol)
Du latin rivalitas, rival. Situation de personnes ou d’acteurs en compétition ou en concurrence, voire en opposition. 

Sécurité alimentaire (éco et géopol)
Disponibilité suffisante de nourriture en qualité et en quantité, accessible à tous, avec un approvisionnement stable. Objectif économique qui comporte un aspect géopolitique important tant à l’intérieur des Etats (stabilité) qu’à l’extérieur (dépendance vis-à-vis des importations). Selon la Food and Agricultural Organisation (FAO), est atteinte quand "tous les êtres humains ont un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires afin de mener une vie saine et active". L'autosuffisance alimentaire consiste en la capacité d’un état de produire des ressources alimentaires en quantité suffisante sur son territoire.  La souveraineté alimentaire, se définit comme le droit, pour un humain ou pour un état, de définir ses propres politiques agricoles, dans une recherche d'autonomie foncière, semencière et alimentaire.   

Sécurité internationale ou collective (géopol)
Stratégies qu’un acteur individuel ou collectif afin de réduire les menaces internationales. La sécurité peut prendre la forme d’une concertation aboutissant à un régime de sécurité s’imposant à tous les Etats.

Société mondiale (pol)
La violence des premiers conflits de l’ère industrielle amène à une prise de conscience de personnalités tel que Henri Dunand (fondateur de la Croix Rouge et premier prix Nobel de la paix en 1901) ou Léon Bourgeois qui milite pour la construction politique mondiale (lui aussi sera nobélisé en 1920). Ces acteurs poussent à la signature de conventions internationales (signées à  La Haye ou à Genève) qui forgent les prémices d’un droit international. La Suisse, pays neutre et aussi protestant, acceuille en effet de nombreuses instances internationales qui participent à l’élaboration d’une société mondiale qui est cependant plus souhaitée que réelle et respectée. Récemment, le régime syrien, connu pour l’utilisation de gaz contre ses opposants, est signataire de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (1993).

Souveraineté/délégation de souveraineté (pol)
Notion politique conçue au Moyen-Age pour légitimer l’indépendance d’Etats naissants (France, Angleterre) à l’égard du Pape et de l’Empereur et reprise par de nombreux juristes comme Jean Bodin (mort en 1596). La notion de souveraineté ne reconnait aucune autorité supérieur à celle de l’Etat sur son territoire et forme le socle du système international. Ce dernier est lié au principe d’égalité des Etats et donc à celui de non-ingérence dans les affaires intérieures. Aujourd’hui encore de nombreux Etats comme la Chine réaffirme ses principes, alors que d’autres, engagés dans des processus d’intégration régionale comme l’Union européenne, affirment une délégation volontaire de souveraineté.

Supranational (pol)
Le concept supranational désigne ce qui se place au-dessus des nations. Ainsi, une autorité supranationale dispose d’un pouvoir de décision supérieur à celui des institutions nationales qui sont placées sous sa responsabilité.

Terrorisme (géopol)
La Communauté internationale  n’a jamais pu s’entendre sur une définition commune du terrorisme. A l’image des Palestiniens, les terroristes des uns (Israël) sont les résistants des autres (Arabes). Pour Pascal Boniface, il serait un acte politique recourant à la violence et s’en prenant de façon aveugle à des civils. Mais la question de l’acteur reste floue : selon les Occidentaux, les terroristes sont issus de groupes intra-étatiques, mais beaucoup de non-Occidentaux pensent que les Etats peuvent exercer des actions terroristes. Comment qualifier les actes de Bachar el-Assad envoyant des barils d’explosifs sur des populations civiles ?

Westphalie (traités de) (pol)
Signés en 1648 à l’issue de négociations entre de nombreux pays européens. Outre un remodelage territoriel du continent européen, ces traités consacrent l’adoption de nouveaux principes politiques : sécularisation des Etats (au détriment de la papauté), affirmation des Etats (au détriment de l’empire autrichien) qui renforcent leurs identités, leurs souveraineté à l’intérieur de frontières. Ainsi naît l’Etat moderne.

Zone économique exclusive ou ZEE (géo et éco)
Bande côtière de 200 milles de large, soit 370 km, sur laquelle est autorisée la navigation maritime internationale, mais qui reste su ressort de la souveraineté de chaque Etat du point de vue économique (pêche, exploiation minières offshore). Les revendications portant sur de minuscules îlots se justifient par la possibilité d’étendre une ZEE autour de chaque îlot possédé.
Voir convention de Montego Bay.

Zone grise (pol)
Pour Jean Christophe Ruffin, la zone grise est un « espace de non-droit ». On peut différencer deux types : d’une part, la zone grise stato-centrée, marquée par l’effondrement de l’Etat et, d’autre part, la zone grise économique où des acteurs illégaux comme les mafias exercent une partie des fonctions régaliennes. On peut aussi voir la zone grise en fonction des échelles : au niveau mondial, ce sont les Etats faillis ; au niveau national, les populations indigènes souvent mal intégrées ; enfin, au niveau local, les bidonvilles du Sud au quartiers défavorisés du Nord sont des zones grises.




 pour aller plus loin : sortie en février 2019 du lexique des prépas HEc chez Studyrama (auteur : Serge Boyer)















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