Qu'est-ce que la géopolitique ? Présentation du semestre
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UN TEXTE FONDATEUR DE LA GEOPOLITIQUE
La géopolitique selon Yves Lacoste Extrait de « Géographie et politique », dans AURIAC Franck, BRUNET Roger (dir.), 1986 :
Espaces, jeux et enjeux, Paris, Fayard / Fondation Diderot) Par leurs démonstrations et leurs analyses, les géographes doivent récuser l'idée, trop généralement admise, que « la géopolitique est l'étude des rapports entre les données naturelles de la géographie et la politique des Etats ». C'est ce qu'affirme le dictionnaire Robert (1985), le Larousse (1962) allant plus loin encore en affirmant, que « la géopolitique est l'étude des rapports qui unissent les Etats, leurs politiques et les lois de la nature, ces dernières déterminant les autres ». Ces proclamations « déterministes » ne sont pas innocentes. Outre qu'elles traduisent l'idée trop généralement admise dans les milieux intellectuels et scientifiques, qui réduit la géographie aux seules « données naturelles » et à leurs effets sur les activités humaines (c'est aussi la conception soviétique de la géographie), les arguties « déterministes » font le jeu des thèses politiques qui prétendent se fonder sur des lois pour disqualifier des revendications fondées sur la prise en compte de faits culturels. La valeur opératoire et politique d'une conception française de la géographie (celle que partagent la plupart des géographes français, en dépit de leurs divergences) est justement de prendre en compte aussi bien les phénomènes qu'ils dénomment « physiques » que ceux qu'ils appellent « humains » (contrairement à ce que proclament les tenants d'une conception anglo-saxonne de la géographie qui veulent la couper des sciences « naturelles « et en faire seulement une science « sociale »). Cependant, si le raisonnement géopolitique ne doit pas négliger la répartition des terres et des mers, les formes du relief, le cours dos fleuves ou l'emplacement des forêts, il doit surtout prendre en compte la répartition du peuplement, l'aire d'extension des différents groupes ethniques et linguistiques (sans oublier leurs intersections, car elles sont très souvent causes de conflits), l'organisation territoriale des appareils d'Etat, mais aussi la diversité idéologique de grands ensembles culturels. Comment comprendre la complexité des situations géopolitiques au Proche-0rient, par exemple, sans tenir compte de la répartition spatiale des différentes concentrations de l'Islam, de la localisation des sunnites, des chiites, etc.? Il importe de souligner que les raisonnements géopolitiques fonctionnent souvent par paire, qu'ils sont pour la plupart antagonistes les uns par rapport aux autres et qu'en vérité ils se fondent moins sur des faits objectifs, indiscutables, que sur des représentations qui sont tout à la fois cartographiques et sentimentales. Chaque « camp » choisit, dans la réalité, ce qui démontre son bon droit, et dresse pour tel ou tel phénomène la carte qui convient le mieux à la justification de ses intérêts. C'est, dans bien des cas, sur d'anciennes configurations géopolitiques et des tracés de frontières qui ont existé de façon plus ou moins durable, il y a parfois plusieurs siècles, que se fonde la revendication des « droits historiques » de tels ou tels peuples sur tel ou tel territoire, les dirigeants de chacun d'eux choisissant parmi la succession des cartes de la géographie historique celle qui est la plus conforme à ses actuels desseins.